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des résidens hollandais. Toutefois les mœurs et les usages javanais s’y sont conservés à peu près dans toute leur pureté. Il en est de même du pays de Préanguer, où les anciennes institutions ont été maintenues presque intactes, surtout en ce qui touche aux revenus, parce le gouvernement européen y a trouvé jusqu’à présent d’immenses avantages ; ces avantages lui sont assurés par l’intervention des régens qui, dans le Préanguer (ou les Préanguers), jouissent d’une plus grande autorité que dans les autres résidences de Java. Il y a donc à Java et Madura trois nuances de gouvernement : 1° le gouvernement direct fonctionnant dans dix-huit résidences et partie d’une dix-neuvième (Sourabaya), où les revenus ont pour base l’impôt territorial réglé par les résidens, de concert avec les régens ; 2° le gouvernement des Préauguers, où les revenus ont pour base la culture obligée de certains produits, par l’action plus immédiate des régens ; 3° enfin le gouvernement des pays princiers de Java et Madura, où les princes indigènes conservent la plupart des droits et prérogatives de la souveraineté, à la condition toutefois que leurs états seront administrés par un ministre dirigeant du choix du gouverneur-général, et placé sous la protection immédiate du résident que le gouvernement colonial entretient à chaque cour. Les contingens à fournir par ces princes, les subsides qui leur sont ou peuvent leur être imposés, les branches de revenus qui sont administrées au profit du gouvernement colonial, l’allocation annuelle garantie au souverain indigène, la police générale, etc., sont autant de points réglés minutieusement par les traités, et ces traités placent les princes javanais, à l’égard du gouvernement hollandais, dans une position parfaitement semblable à celle de la plupart des princes de l’Hindoustan envers le gouvernement britannique.

Il faut dire que de ces trois nuances de gouvernement mixte, celle où domine l’élément indigène est la plus féconde en abus de toute espèce et la moins propre à assurer le développement de la population, de l’agriculture, du commerce. La résidence des Préanguers offre des résultats infiniment plus satisfaisans, dus en partie à l’action plus directe des fonctionnaires européens, mais autant et plus peut-être au caractère remarquablement doux et facile de la population sondanaise qui y domine. Enfin, dans les dix-neuf résidences administrées plus directement encore par les Européens, mais toujours avec le concours des régens, et, en particulier, dans la résidence de Sourabaya, l’agriculture, l’industrie, le commerce, le bien-être des indigènes, ont fait d’immenses progrès, et se maintiendront, sans aucun doute, dans cette voie de prospérité croissante[1]). Ainsi donc l’intervention européenne

  1. Dans les provinces cédées par l’empereur de Solo et le sultan de Youckio, et qui forment aujourd’hui les résidences de Madioune, Kadou, Baguelen, etc., les changemens opérés en dix-huit ans par l’action de l’administration européenne sont réellement prodigieux. Les revenus, la population, l’aisance générale, tout s’est accru dans une proportion qui a dépassé les espérances du gouvernement.