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par un capitaine de la colonne des volontaires de Brescia et de Bergame, nommé Longhena.

La colonne de Meneghelli était alors arrivée sur le mont Caffaro, haute montagne placée à l’extrémité du lac d’Idro, et qui commence, pour ainsi dire, le labyrinthe de monts et de rochers compris entre lac d’Idro et la Vallée du Soleil. Le capitaine Longhena fut plus inflexible que ne l’avait été le général Allemandi, et, jugeant que le mont Caffaro était trop rapproché de ce Tyrol dont il voulait interdire l’entrée aux légionnaires de l’abbé Meneghelli, il les força de rétrograder jusqu’à Bagolino, lieu situé sur une montagne moins haute et moins avancée que la première ; puis, revenant sur sa décision, lorsque déjà la colonne de Meneghelli était à Bagolino, il lui fit connaître qu’il levait la consigne, et consentait à l’expédition du Tyrol.

Que devaient-ils penser, ces Tyroliens partis de Trente pour implorer le secours des Lombards, ces Tyroliens si joyeux d’avoir obtenu les promesses d’appui du gouvernement de Lombardie et du général en chef des troupes lombardes ? Quelle anarchie dans ces corps, dont chaque officier contrôlait les ordres de ses supérieurs et ne les exécutait qu’après en avoir lui-même constaté l’urgence ! Quelle sympathie pouvait-on attendre d’hommes qui ne semblaient d’accord que pour entraver de leur mieux une expédition dont le but évident était la délivrance d’une province italienne, de celle sans laquelle il était impossible de garder les autres ? Nul doute que les braves et dévoués montagnards qui accompagnaient l’abbé Meneghelli n’aient été plus d’une fois saisis de tristes pressentimens ; mais ils n’avaient pas fini de lutter contre les mauvaises passions de ceux qu’ils regardaient comme des frères.

Le 9 avril, la petite troupe s’arrêtait quelques heures à Condino pour y installer un gouvernement provisoire, et arrivait à Tione, où elle apprenait que, peu d’heures avant, les Autrichiens s’étaient emparés du Limarò, passage d’une extrême importance, et qu’il eût été si facile d’atteindre avant les troupes fatiguées qui arrivaient du fond du Vorarlberg. L’occupation réalisée par les Autrichiens du Limarò et du village de Stenico, situé à mi-côte, était, pour le moment, un insurmontable obstacle à l’exécution du plan de Meneghelli ; mais ce n’était pas tout. Les volontaires, arrêtés à Tione, village dominé de tous côtés par les montagnes, allaient être attaqués par les troupes stationnées à Limarò. Il fallait se préparer à soutenir un siége. Telle était l’extrémité à laquelle les retards causés par le mauvais vouloir du général Allemandi et du capitaine Longhena réduisaient les braves Tyroliens. Les jeunes volontaires firent leur devoir. Cent des leurs furent laissés à la garde du pont de Storo, sous lequel coule un torrent qui se dirige des montagnes vers le lac de Garda. Cent autres gardèrent un