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pas de temps à perdre. L’armée piémontaise devait appuyer cette démonstration, ne fût-ce que par la présence d’un corps peu considérable, car les Autrichiens devaient savoir que nos jeunes volontaires, loin d’être abandonnés, pouvaient, au besoin, compter sur le secours d’une puissante armée. Les circonstances facilitaient cette démonstration des Piémontais, puisqu’à cette époque leur armée se trouvait engagée dans le blocus de Peschiera, forteresse placée aux portes du Tyrol et à fort peu de distance de la ville même de Trente. Était-il donc si difficile pour le général piémontais chargé de ce siége de détacher de son armée quelques centaines de soldats, et de les poster durant un certain nombre d’heures sur le sommet des montagnes qui séparent Peschiera ou Vérone de Trente ?

Déjà plusieurs vallées tyroliennes étaient occupées par les insurgés indigènes. Les détachemens lombards stationnés à Limarò, à Riva et à Trente auraient complété l’occupation militaire du Tyrol, le poste de Riva ayant surtout l’avantage de rendre le transport d’hommes et de munitions prompt et facile par le lac. En suivant la route tracée par le prêtre Meneghelli, les deux mille volontaires qu’il réclamait pouvaient être ramenés sur le théâtre de la guerre et reprendre, en peu de temps, leur rôle dans l’action principale. Nous allons voir comment le plan de Meneghelli fut exécuté.

Les volontaires partirent, le 24 mars, de Milan pour Brescia ; d’autres se mirent en route quelques jours plus tard. Les premiers, ayant pris un chemin détourné, passèrent par la ville de Crême, que les Autrichiens évacuèrent à leur approche ; les seconds se dirigèrent directement sur Brescia, et de là passèrent à Salò, petite ville située non loin de l’extrémité du lac de Garda, sur le rivage oriental du lac, dans une position enchanteresse, et qui rivalise avec les beaux rivages de Baia ou de Sorrente.

Le prêtre Meneghelli avait obtenu du gouvernement provisoire et du général en chef les ordres nécessaires pour exécuter son plan ; mais, arrivé à Brescia, il rencontra dans le général Allemandi, choisi pour commander tous les corps de volontaires, une résistance opiniâtre et imprévue. Les instructions signées par le gouvernement provisoire et par le général en chef étaient pour le général Allemandi comme non-avenues. Enfin, et après une longue et pénible discussion, après que M. Meneghelli lui eut expliqué dans tous ses détails le plan qu’il se proposait d’exécuter, le général céda, quoiqu’à regret et de mauvaise grace, c’est-à-dire qu’il confirma par sa signature l’ordre donné par le général en chef au capitaine Scotti. Le prêtre Meneghelli et sa petite colonne, qui n’était composée que de cent et quelques individus, poursuivirent donc leur route vers le Tyrol ; mais ils venaient à peine de surmonter ce premier obstacle, qu’ils se virent arrêtés de nouveau