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de la frontière vénitienne. Le centre du Tyrol italien est occupé par une grande et riche vallée qui est aussi la partie la plus importante du pays. Elle se déploie obliquement du sud-est au nord-ouest, et forme avec la grande route qui va de Brescia à Vérone, où de l’ouest à l’est, les deux côtés d’un angle aigu.

Cette vallée oblongue, dite la vallée de Non (Noun), est traversée dans toute sa longueur par le fleuve Noce. Deux routes parallèles partent de l’extrémité sud-est de la vallée, et longent le fleuve jusqu’à l’extrémité opposée, où se trouve le gros bourg de Clés, qui, dans ce pauvre pays, est considéré comme une assez grande ville. En cet endroit, les montagnes se resserrent tellement, qu’elles ne laissent au fleuve qu’un étroit passage, puis elles s’écartent de nouveau et forment une seconde vallée dite la Val del Sole ou la Vallée du Soleil ; qui est en quelque sorte la continuation ou le prolongement de la Val de Non. Cette vallée va rejoindre au sud-ouest la Val Gabbia et les montagnes qui s’étendent des territoires de Brescia et de Bergame jusqu’à la Valteline et aux Grisons. Le val de Non est le centre du Tyrol, et c’est de là que partent les principales routes qui sillonnent la contrée. Malgré l’inégalité du terrain, ces communications sont assez faciles ; une route mène de Clés à Tione ; une autre route part de la Vallée du Soleil et s’arrête au lac d’Idro, dans le territoire de Bergame. Une troisième commence à Clés, et, se divisant à Saint-Michel, aboutit d’un côté à Riva, près du lac de Garda, de l’autre à Trente et à Roveredo. À part ces routes principales, il n’y a guère que des sentiers ; tout le pays qui s’étend au nord et à l’ouest de la Vallée du Soleil n’est qu’un labyrinthe de montagnes et de vallons séparés par d’étroits défilés, dont le plus célèbre est une sorte de tunnel à ciel ouvert appelé le Tonale. Nous avons indiqué la disposition des vallées principales ; les montagnes ne se groupent pas d’une façon moins bizarre. Non loin du Tonale se dresse le pic du Montocio ou Mont de l’OEil, ainsi nommé parce que l’un de ses versans présente une excavation bizarre, ressemblant plutôt à une selle qu’à autre chose, mais que l’on est convenu de comparer à un œil. Trois rangs ou chaînes de montagnes se détachent du Montocio, côtoient sur la gauche la Vallée du Soleil, et se rejoignent aux environs du ravin qui sépare les deux vallées de Non et du Soleil. Deux autres chaînes croisent ces ramifications, et complètent un formidable système de défense, qui permet à des bandes peu nombreuses de garder aisément l’entrée du Tyrol italien du côté de l’Allemagne. En effet, placez quelques hommes résolus sur les hauteurs qui dominent l’étroit passage par lequel le fleuve Noce se jette de la vallée de Non dans celle du Soleil, ou bien sur les sommets suspendus au-dessus des défilés qui terminent la Vallée du Soleil et qui vont toujours se rétrécissant jusqu’au lac d’Idro : aucune armée, si nombreuse qu’elle soit, ne pourra se risquer dans un défilé