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pagnes vit presque exclusivement de riz et de polenta (sorte de bouillie de farine de maïs). Le pays ne supplée pas seulement à cette pénurie de céréales par l’achat de grains italiens, mais aussi par l’émigration annuelle d’une partie de ses habitans, qui vont travailler pendant quelques mois en Lombardie. Le commerce du bétail est l’une des principales sources de l’aisance dont, après tout, ces vallées jouissent dans de certaines limites. Les Tyroliens italiens exportent chaque année en Allemagne trente mille porcs ; ils élèvent à peu près cent mille moutons, qui passent six mois de l’année dans les pâturages de la Lombardie. Pour les bêtes à cornes, le Tyrol italien les fournit à la Lombardie, en les tirant des provinces méridionales de l’Allemagne. La Lombardie, dont les laitages sont partout renommés, est peut-être, de tous les pays d’Europe, celui qui emploie le plus grand nombre de bêtes à cornes. C’est dans le Tyrol italien et la Suisse que la Lombardie cherche ses troupeaux. La Suisse produit elle-même les animaux que lui emprunte la Lombardie ; quant au Tyrol italien, il n’est que l’intermédiaire entre ce pays et l’Allemagne, riche en bestiaux.

La soie, le vin et le bois sont autant de ressources pour ces montagnards. Le vin est le seul produit qui pourrait gagner à la séparation du Tyrol italien d’avec l’Italie et à son incorporation dans la confédération germanique et dans l’union douanière allemande, car les vins du Tyrol auraient toujours un débit assuré dans les provinces septentrionales de l’Allemagne, tandis que les vins de l’Italie leur feront toujours une concurrence ruineuse. C’est dans la Lombardie en revanche que le Tyrol italien trouve un débouché pour ses forêts. Tous les torrens qui transportent dans les plaines habitées les bois coupés sur le sommet des montagnes descendent du Tyrol dans les plaines lombardes. L’industrie de la soie étant commune à la Lombardie et au Tyrol, il est évident que la législation lombarde doit lui être plus favorable que la législation allemande. Les producteurs de la soie habitent l’Italie ; les manufacturiers en soierie habitent l’Allemagne ; le Tyrol n’est qu’une petite fraction du pays producteur. Réuni à la masse des producteurs, il sera protégé ; réuni au pays manufacturier, il verra ses intérêts sacrifiés. La nature du pays, l’histoire, le caractère des habitans et leurs intérêts, tout conspire à réunir le Tyrol à l’état lombard-vénitien Aussi long-temps que la question des nationalités sembla sommeiller en Autriche, le Tyrol italien resta livré à une insouciance, à une immobilité dont les Lombards-Vénitiens lui surent mauvais gré. Pauvres, adroits et ambitieux, les Tyroliens italiens s’appliquaient à faire fortune par tous les moyens qui se présentaient à eux, et même par l’intrigue. Ce n’est que dans le Tyrol que le gouvernement autrichien trouvait la ruse et la souplesse italiennes prêtes à ne reculer devant aucune fonction publique. C’est dans le Tyrol méridio-