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quer les idées, exécuter les ordres de la France, hérita naturellement de la haine que cette puissance avait soulevée.

Les griefs des habitans des vallées alpestres contre la France et la Bavière ne pouvaient rester long-temps ignorés de l’Autriche. Le gouvernement de cet empire comprit quelles armes le mécontentement des populations italiennes du Tyrol, dont elle connaissait la fermeté inébranlable, lui offrait contre la France. Des émissaires autrichiens furent envoyés dans les environs de Trente : ils n’eurent pas de peine à y déterminer une insurrection générale. Le chef de cette propagande révolutionnaire était l’archiduc Jean. Ses principaux lieutenans furent le célèbre André Hofer et le capucin Haspinger. Des promesses d’indépendance furent prodiguées aux Italiens du Tyrol. L’Autriche les engageait à chasser les garnisons françaises et les autorités bavaroises ; elle devait prendre ensuite sous son égide la cause tyrolienne, former un état de l’ancienne principauté de Trente et des vallées annexes, et obtenir pour ce nouvel état, avec un prince indépendant, l’abolition de tous les impôts établis depuis l’arrivée des Français.

Le Tyrol crut à ces promesses ; il courut aux armes. En deux jours, du 11 au 13 avril 1809, le mouvement insurrectionnel se communiqua à toutes les vallées des Alpes. Le bruit du tocsin et de la fusillade troubla les échos des gorges les plus reculées. On fit prisonniers huit mille hommes des meilleures troupes françaises. Le général Baraguay-d’Hilliers se vit contraint de quitter le Tyrol. Des bandes nombreuses et résolues occupèrent tous les passages, toutes les positions importantes ; chaque Tyrolien était devenu un soldat. Quelle était pourtant la véritable cause de ce mouvement héroïque ? C’étaient, je le répète, les promesses d’indépendance faites par l’Autriche, et ceux qui ont vu dans les insurgés tyroliens de 1809 des partisans fanatiques de l’antique domination impériale se sont trompés grossièrement.

Cependant, à l’époque même où ces événemens se passaient dans le Tyrol, les armées coalisées fuyaient devant les soldats français, qui, après les victoires d’Eckmühl et de Ratisbonne, se présentaient aux portes de Vienne. Les troupes bavaroises, encouragées par ces succès, rentrèrent dans le Tyrol ; elles ne tardèrent pas à en sortir : le 25 et le 29 mai 1809, elles furent complètement défaites par les Tyroliens près du fleuve Brenner, et durent repasser en désordre les Alpes tyroliennes. Les montagnards les poursuivirent, les joignirent près d’Inspruck, et achevèrent de détruire ces corps déjà affaiblis. Une autre colonne, composée de paysans de la vallée de Noun et commandée par un médecin appelé Martinoli, se porta vers Trente, où le général autrichien Leiningen était assiégé par les troupes françaises. Elle dégagea le général et la ville de Trente. Le projet de ces braves montagnards était de marcher sans retard vers Klagenfurt, pour faire lever le siége