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Avignon, lignes dont la situation financière est encore problématique, 860 millions environ ont été engagés dans les chemins de fer par les particuliers. Le revenu net de ces entreprises, en comprenant l’intérêt servi pour les lignes qui ne sont pas encore exploitées, a été évalué récemment à 40 millions, revenu qui ne peut que s’accroître au profit des actionnaires.

Un capital non moins considérable que celui des chemins de fer est engagé en actions industrielles, à n’estimer que celles qui, jetées sur la place, deviennent objets de trafic à Paris où dans les soixante autres villes possédant des bourses de commerce. À en juger très superficiellement par les bulletins de la Bourse parisienne, à défaut de documens positifs qui n’existent pas à notre connaissance, il y a au moins 150 millions engagés dans les canaux. Les compagnies d’assurances sur la vie ou contre l’incendie, d’assurances maritimes, commerciales, agricoles, industrielles, ont émis pour plus de 120 millions d’actions, dont la valeur nominale est augmentée par des bénéfices. Les mines de houille, de fer, d’asphalte, les forges et fonderies, roulent sur un capital de 200 millions au moins, à ne compter que le total des titres négociables, et en négligeant les opérations que les industriels conduisent avec leurs ressources privées. Les compagnies pour le gaz et l’éclairage ont appelé plus de 30 millions ; les ponts, environ 36 millions ; les messageries, omnibus et voitures, 40 millions ; les bateaux à vapeur, plus de 30 millions. Enfin, les roulages, les filatures, les verreries, les sucreries indigènes, les brasseries, les blanchisseries, les imprimeries, les journaux, les théâtres, toutes les industries que le démon de l’agiotage a pu séduire depuis quinze ans, ont formé d’innombrables compagnies qui, loyales ou suspectes, n’en ont pas moins levé sur les places françaises au moins 200 millions. Le total des actions industrielles, sans compter les chemins de fer, doit être au moins de 800 millions, procurant aux détenteurs, à 5 pour 100 d’intérêt, 40 millions à partager.

Pour compléter l’énumération des rentes produites, par le placement des capitaux, il faudrait pouvoir découvrir les créances chirographaires, les commandites directes et personnelles, les prêts sur nantissement, et surtout les fonds placés à l’étranger dans les emprunts publics où les spéculations particulières. De même qu’une grande partie des capitaux nécessaires pour nos grands travaux publics ont été fournis par des étrangers, la place de Paris a été un centre actif de négociations, notamment pour les emprunts belge, espagnol, romain, napolitain. Sera-t-il possible de constater l’existence des titres de cette nature dans les mains des détenteurs ? Les princes de la finance n’ont-ils pas mille moyens de soustraire au fisc les valeurs qu’ils exploitent ? Nous croyons qu’il est prudent de réduire à 100 millions en capital la somme des valeurs dont l’aveu sera fait.

Le relevé de la quatrième catégorie, celle des capitaux placés et portant