Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 1.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la vieille Égypte. Ce qui achève de prouver que ce temple était à la déesse Athor, c’est qu’Athor, comme Isis et comme Io, qui fut probablement une forme grecque d’Isis, était représentée avec une tête de génisse, et qu’on découvre les débris d’une tête semblable dans la niche du sanctuaire.

Une particularité remarquable distingue ce temple d’Athor de tous les autres temples égyptiens ; il a été, je ne dirai pas bâti, mais creusé par Ramsès et sa femme, la reine Nofreari, dans une pensée de tendresse conjugale, que les hiéroglyphes traduisent d’une manière gracieuse. La grande inscription tracée sur les contre-forts extérieurs, et dont notre Nubien se servait l’autre jour comme il eût fait d’une échelle, cette inscription, placée à l’extérieur du temple, avertit d’abord que « le fils du soleil a construit ce monument pour sa royale épouse. » En revanche, dans la dédicace gravée sur l’architrave, dans l’intérieur du temple, à la suite de la légende ordinaire de Ramsès, vainqueur des peuples, seigneur des seigneurs, etc., on lit cette ligne, dont les hiéroglyphes nous révèlent la tendresse de la reine pour Ramsès : « Sa royale épouse, qui l’aime, la grande mère Nofreari, a construit cette demeure dans la grotte de la pureté. » Les deux époux, par une tendre association de pensée, se sont donc unis pour la création du temple souterrain qu’ils se dédient mutuellement. Tout porte l’empreinte de ce sentiment d’harmonie et de communauté conjugale. À l’intérieur, on ne voit pas, comme dans le grand temps, des représentations de batailles et de triomphes. Seulement, des deux côtés de la porte, le Pharaon est représenté offrant aux dieux un ennemi qu’il a saisi par les cheveux, tandis qu’il lève sa hache victorieuse sur ce représentant d’une race vaincue ; la reine est présente et semble participer à l’offrande et à la gloire de son époux. Sauf ces deux tableaux, qui sont là comme le signalement et, pour ainsi dire, la signature du conquérant, on ne voit point de sujet pareil représenté sur les murs du petit temple d’lbsamboul. Ce ne sont que scènes religieuses dans lesquelles figurent alternativement et parallèlement le roi Ramsès et la reine Nofreari.

Aux deux côtés de chacun des six piliers à tête de vache, soutenant la montagne qui sert de toit à la plus grande salle, sont placées en regard l’une de l’autre, et avec une égalité parfaite, la légende du roi et la légende de la reine ; la reine figure même plus souvent que Ramsès sur les faces de ces piliers, et, si un singulier empiétement de la royauté sur la religion a placé dans le sanctuaire Ramsès divinisé, Nofreari est debout derrière le monarque pour prendre, elle aussi, sa part de cette apothéose. Enfin sur les premiers piliers, remplaçant la déesse IsIs et la déesse Athor, dont les noms se lisent dans la dédicace de ces piliers et dont elle porte les insignes, Nofreari semble s’identifier avec la