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note du 17 janvier que nous mentionnions tout à l’heure. Cette seconde note est rédigée selon le même esprit ; elle a la même portée que la première, que celle qui concerne le Piémont ; elle propose encore une entente générale des puissances, et la demande de secours formée au nom du saint-père par le cardinal Antonelli semble presque un écho des paroles de l’Autriche. On doit seulement remarquer que la note de M. de Schwarzenberg, en invitant toutes les puissances signataires du traité de Vienne à réviser la situation de l’Italie, n’appelait particulièrement à l’aide du pape que l’Autriche, la France et Naples Le cardinal Antonelli rend, au contraire, un hommage éclatant aux offres empressées de l’Espagne, et l’ajoute au nombre des puissances auxiliaires. La note pontificale énumère en détail les actes successifs des révolutionnaires romains et les protestations du saint-siège, l’assaut du Vatican, le meurtre de M. Rossi, la fuite de Pie IX à Gaëte, sa déclaration rendue le 27 novembre contre la légalité des mesures prises en son absence par le ministère, sa déclaration du 17 décembre contre l’établissement de la junte provisoire, son motu proprio du 1er janvier contre l’assemblée nationale convoquée pour changer la forme politique de l’état romain, ses réserves solennelles promulguées contre l’institution d’un gouvernement républicain après le 9 janvier, enfin ses nouvelles réserves du 19 février contre la vente des biens d’église. L’histoire va vite dans ce temps-ci ; ce n’est pas à dire qu’elle aille bien M. de Schwarzenberg offre donc d’agir en commun avec la France et Naples, pour ramener l’Italie centrale à un état moins violent ; cette action cesserait au moment où le pape se trouverait assez consolidé pour remercier ses défenseurs ; les Napolitains et les Autrichiens entreraient à la fois par le midi et par le nord, la flotte française ferait voile pour Civita-Vecchia. Il ne nous appartient pas de préjuger les dispositions du ministère ; mais il est évident que là où sera l’Autriche, la France doit y être, et il est évident aussi que la politique de la France n’est pas aujourd’hui celle de M. Mazzini. La France ne peut ni livrer l’Italie à l’influence autrichienne, ni la laisser sous le joug mazziniste. Que nous recommencions une expédition d’Ancône avec le gré de l’Autriche, au lieu de la faire en méfiance de l’Autriche, quoi qu’il en puisse coûter à la république romaine, ce sera toujours Ancône, et les intérêts permanens de la France au dehors n’en seront pas moins sauvegardés.

Les réclamations des Siciliens nous ont constamment inspiré beaucoup plus de sympathie que les prétentions des Romains et des Toscans. Aussi nous souhaitons sincèrement que les conditions honorables proposées, il y a quelques jours, par les négociateurs anglais et français, agréées par le roi Ferdinand, ne se heurtent point contre quelque folle résistance du gouvernement palermitain. Nous ne voudrions pas revenir sur des événemens dont il est à désirer que le souvenir soit effacé par une conciliation bien entendue. Il est cependant trop prouvé que l’administration napolitaine était justement odieuse aux Siciliens, non pas seulement aux villes, mais aux campagnes. Les taxes levées sur les populations des campagnes étaient exorbitantes, et le mode de perception les rendait, encore plus désastreuses. Le pays est rempli de petits propriétaires qui avaient à payer jusqu’à 20 pour 100 sur l’estimation générale de leur revenu, et 12 pour 100 sur la valeur du blé qu’ils envoyaient au moulin. De là des exactions continuelles, des haines inguérissables contre les agens corrompus d’un gouvernement oppresseur ; de là vint enfin l’universalité du mouvement de jan-