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membres de l’ancienne administration provinciale en fonction avant le 17 mars ne pourraient, pas plus que les membres du gouvernement insurrectionnel, faire partie du nouveau conseil administratif. Enfin, le duché allemand de Lauenbourg, donné naguère au Danemark comme indemnité de la perte de la Norvége, et entraîné de force dans la révolte des duchés par les troupes fédérales, devait être replacé dans l’état de choses antérieur à l’invasion.

L’armistice de Malmoë résolvait ainsi avec netteté les seules difficultés sérieuses qui pussent prolonger la guerre ; cette convention fut ratifiée sans retard par la Prusse et par le Danemark. Il ne restait plus qu’à la communiquer aux deux généraux en chef chargés de l’exécuter. Le négociateur prussien en porta les ordres avec les pleins pouvoirs au général Wrangel, tandis qu’un fonctionnaire danois accomplissait la même mission près le général Hedemann. L’Europe tenait l’affaire pour terminée. Qu’arrive-t-il néanmoins le 15 juillet, au moment où les deux envoyés se rencontrent à Colding afin de se concerter sur les mesures ultérieures à prendre pour l’exécution de l’armistice ? C’est que le représentant de la Prusse annonce avec surprise au représentant du Danemark, non moins étonné, le refus positif du général Wrangel d’obéir à la convention signée et ratifiée par son gouvernement. L’armistice stipule qu’en cas de rupture les deux armées reprendront les positions occupées par elles le 27 juin : Wrangel repousse cette stipulation, parce que le 28, à la suite d’une attaque peu loyale, il a saisi une position plus avantageuse. L’armistice ordonne le licenciement des troupes et des corps francs des insurgés : le général prussien ne veut pas désorganiser l’insurrection. D’ailleurs il n’est point satisfait des conditions qui séparent la cause du Lauenbourg de celle du Schleswig-Holstein, et il désapprouve quelques détails du règlement administratif que l’on substitue au gouvernement insurrectionnel. Et puis, voici enfin qu’apparaît à propos le fantôme de Francfort, la grande image de la patrie allemande, le vicaire de l’empire germanique nouvellement reconstitué, sans la ratification duquel l’armistice ne saurait être valable, suivant le général prussien.

Malgré l’offense et d’où qu’elle pût venir, le roi de Suède fut d’avis, avec le consentement du Danemark, de tenter un essai pour ramener Wrangel à la raison ; mais cette démarche, dans laquelle éclatait l’esprit conciliant de la puissance médiatrice, n’eut aucun résultat. Les négociations furent encore une fois rompues.

Dans les propositions que la Prusse avait faites comme dans l’armistice qu’elle avait signé, cette puissance agissait et parlait non point pour elle seule, mais aussi au nom de la confédération germanique. Elle était autorisée, elle avait les pouvoirs nécessaires, et, en traitant avec elle, la puissance contractante et les puissances médiatrices ou