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sont constamment réparties entre les dessas (communes) et affermées aux Javanais par l’intermédiaire et l’action directe des chefs et des anciens des dessas. Les conditions de cet affermage par admodiation sont insérées dans les contrats, qui sont en même temps les rôles des contributions foncières des villages, que l’on désigne en javanais par le mot de piagem. La forme et le contenu des piagems, le temps de leur durée, le montant de l’impôt territorial, la manière dont il doit être acquitté, soit en argent, soit en produits, soit d’autre manière, en un mot, tout ce qui peut contribuer à assurer la location des terres et à favoriser le développement de l’agriculture et de l’industrie a été l’objet de règlemens spéciaux qui embrassent toute l’étendue de Java, à l’exception, 1° des provinces de Soerakarta et Djockjokarta, dont l’administration immédiate a été laissée aux princes indigènes, sous la surveillance et avec le concours des résidens hollandais ; 2° du pays connu sous la dénomination de Régences de Préanger[1], où les institutions existantes sont conservées intactes et où l’impôt foncier dû au gouvernement est payé au moyen de cultures obligées, et conséquemment en produits ; 3° des terres appartenant à des particuliers.

Le gouverneur-général doit assurer le bon traitement des indigènes sur les terres cédées à des Européens ou autres, et veiller à la stricte exécution des ordonnances en ce qui touche aux servitudes ou impôts exigibles des populations. Il veille cependant aussi à ce que les habitans indigènes des terres particulières remplissent convenablement les obligations qui leur sont imposées par l’adat cette loi traditionnelle plus sacrée parmi les races malaises que toutes les lois écrites[2]. Il est enjoint au gouverneur-général (art. 94) d’encourager l’agriculture par tous les moyens dont il peut disposer, et de favoriser autant que possible la culture des produits destinés à alimenter le commerce avec l’Europe. Les encouragemens donnés à cette culture spéciale ont été, en effet, l’objet d’une attention peut-être exagérée de la part des gouverneurs-généraux, depuis une quinzaine d’années.

Les mesures adoptées pour l’administration des possessions autres que Java portent le même caractère général de libéralité et de justice. Il est recommandé aux autorités d’entretenir de bonnes relations avec les gouvernemens, princes et peuples indiens environnans. Elles doivent se garder soigneusement de toute violation de territoire. Elles doivent néanmoins repousser, par tous les moyens légitimes, toute agression dirigée contre le territoire dont la garde et le gouvernement leur sont confiés.

  1. Pays de Sônda. Voir le tableau de ces résidences dans la Revue du 1er novembre.
  2. Ces obligations, qui datent des temps les plus reculés, sont, entre autres, l’entretien des chemins et des ponts, la fourniture de certaines denrées, le transport des personnes et des bagages des voyageurs, moyennant rétribution réglée par le pouvoir suprême, etc.