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dignitaire comme agent d’un corps commercial, tantôt ils lui refusaient le droit de donner des ordres aux militaires, sous prétexte qu’il n’avait aucun rang dans l’armée. Aussi, quoique le gouvernement des Indes se montrât conciliant à l’excès dans des cas semblables, devenait-il urgent, pour la sûreté et la conservation de la colonie, comme pour le maintien du respect dû à l’autorité, de rendre impossible le retour de pareils conflits. La commission demandait donc qu’on remît entre les mains du gouverneur le commandement en chef des forces de terre et de mer à l’est du cap de Bonne-Espérance ; elle voulait de plus qu’au moment de sa nomination on lui conférât le grade de lieutenant-général ; elle demandait aussi pour lui un costume particulier, afin qu’aux yeux des indigènes il y eût quelque distinction extérieure entre les officiers supérieurs de l’armée et lui. Ces suggestions ont été suivies, et aujourd’hui M. Rochussen, ancien ministre des finances, ministre d’état, gouverneur-général des Indes orientales néerlandaises, capitaine-général des forces de terre et de mer du roi à l’est du cap de Bonne-Espérance, porte les insignes du grade de général en chef et s’entoure de toute la représentation, de toutes les précautions d’étiquette qui peuvent le montrer à ses administrés comme une personnification de l’autorité souveraine. Les titres d’excellence et de monseigneur, dont jouissaient déjà ses prédécesseurs, complètent les distinctions qui placent ce haut fonctionnaire au rang des vice-rois.

La commission, dans ce même rapport, proposait que le gouverneur-général fût nommé, par le gouvernement de la république batave, sur une liste de trois personnes présentées par le conseil des colonies asiatiques. On aurait adjoint au fonctionnaire suprême trois conseillers ordinaires et extraordinaires qui auraient composé avec lui le Gouvernement des Indes bataves, et ce gouvernement aurait eu la direction de toutes les affaires civiles et judiciaires. La commission estimait cependant que, dans toute affaire importante où la pluralité des voix du conseil serait contraire à l’avis du gouverneur-général, celui-ci devrait être autorisé à prendre une décision dont il assumerait toute la responsabilité, « car, disait la commission, ce serait compromettre la sûreté publique que de forcer un homme placé à la tête des affaires, et par cela même chargé d’une responsabilité bien plus grande que celle des autres membres, à exécuter, contre son opinion, une mesure qu’il regarderait comme contraire aux vrais intérêts de l’état. » En outre, le gouverneur-général, dans la pensée de la commission, n’eût pu être poursuivi criminellement, aux Indes, pendant la durée de ses fonctions, parce que c’eût été lui faire perdre la considération qui lui était nécessaire « comme au représentant du peuple batave. » Enfin, il aurait eu le pouvoir de transporter momentanément le siège du gouvernement hors de Batavia, dans toute autre partie de l’île de Java, et