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croire que ce goût-là ne fasse qu’un avec le culte de vos symboles. C’est pour cela que nous votons contre eux. Nous avons la religion sans la superstition. Souvenez-vous-en. »

Pour les affaires du dehors comme pour celles du dedans, c’est une même anxiété. L’on attend avec impatience les nouvelles de Vienne ; il ne s’agit plus d’une lutte dont les chances soient douteuses : il s’agit de savoir ce que coûtera la catastrophe. L’armée hongroise n’était décidément qu’une fiction inventée par l’orgueil national des Magyars, et glorifiée par la crédulité complaisante des journalistes parisiens. Il n’est point naturel qu’un peuple vraiment fort fasse tant de bruit et si peu de besogne. Vienne, qui s’est sacrifiée pour Pesth, est maintenant abandonnée sans défense à ses vainqueurs. Nous ne savons pas ce qu’il adviendra de Pesth ; mais nous désirons ardemment que la répression de l’anarchie viennoise n’aille pas jusqu’à la compression de toutes les libertés nouvelles en Autriche. Ce sont là les souhaits que la démagogie nous laisse toujours à faire partout où elle passe ; elle ne réussit jamais qu’à compromettre les droits acquis en prétendant les élargir. La victoire de l’Autriche remet de nouveau en suspens toute la question italienne. Le Piémont, tout en armant avec vigueur, paraît loin de repousser la médiation, et ne se presse pas d’entrer en campagne : reste à savoir sur quoi portera la médiation, et ce que l’Autriche, encore une fois maîtresse partout, voudra jamais céder. Nous avons des difficultés qui ne diminuent pas en vieillissant. Quand donc aurons-nous liquidé tous les embarras dont la république nous a grevés dès son début ? Cette impraticable médiation n’est, au fond, qu’un compte arriéré du gouvernement provisoire.



RECHERCHES PRATIQUES ET PHYSIOLOGIQUES SUR L’ETHÉRISATION, par M. Pirogoff, professeur à l’académie médico-chirurgicale de Saint-Pétersbourg[1].-Nos lecteurs se rappellent certainement la sensation générale que produisit dans toutes les classes de la société l’annonce des étonnantes propriétés de l’éther. Enlever aux plus graves opérations chirurgicales cet ensemble de souffrances qui transformaient en lit de tortures la table de l’opérateur parut d’abord chose si merveilleuse, que bien des gens refusèrent d’y croire. Pourtant l’expérience fit bientôt tomber tous les doutes. En peu de jours, il n’y eut pas dans Paris un chirurgien qui n’eût quelques faits à citer à l’appui des observations recueillies par MM. Velpeau, Laugier, Roux. Puis vinrent les physiologistes qui, marchant sur les traces de MM. Gerdy, Longet, Flourens, cherchèrent à expliquer les mystérieux effets de la bienfaisante vapeur. Aussi, la découverte de M. Jackson se trouvant de toutes parts confirmée, elle passa bien vite dans la pratique journalière, et par cela même peut-être le public parut l’oublier. Certain de retrouver

  1. In-8°, Saint-Pétersbourg, Bellizard.