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LA


SOURCE ETERNELLE.




 
En vain ton corps palpite et parle avec cent voix,
Ils disent l’ame absente,
Nature ! et tu n’as rien sous tes flots, sous tes bois,
Rien qui rêve et qui sente.

Simple théâtre, en toi l’homme seul est acteur,
Lui seul veut, souffre, expie ;
Qui voit l’esprit frémir sous ta face est menteur,
Qui t’adore est impie.

Dans ce bruyant vallon, rien n’a de vie, hors moi ;
Tout est forme éphémère ;
Et j’étais insensé quand j’allais, plein de foi,
Dire au chêne : Mon frère !

Rien n’est pensée au fond des forêts où j’entends
La parole suprême ;
Rien n’est amour ni joie en tes fleurs, ô printemps !
O toi par qui l’on aime !

Cependant écoutez : — Sur le chemin du cœur
Il est des jours de vide,
Où, dans l’or le plus pur, toute humaine liqueur
Trompe la lèvre avide ;