Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 24.djvu/408

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jusques et y compris Singapour ; l’autre dans l’archipel indien. — D’après l’esprit de ce traité, il nous a paru que si l’on supposait une ligne parallèle à l’équateur, passant par l’établissement de Singapour, les Anglais n’avaient le droit de former aucun établissement dans l’archipel indien, au sud de cette ligne. L’article 42 du traité dit en effet : « Sa majesté britannique s’engage à ne laisser former aucun établissement anglais sur les îles Carimon, Bintang, Lingin, ou sur aucune des îles au sud du détroit de Singapour, et à ne conclure aucuns traités avec les chefs de ces îles. » D’un autre côté, l’art. 6 du même traité porte « qu’aucuns des officiers ou agens des deux gouvernemens, aux Indes orientales, ne pourront former d’établissement sur aucune des îles de l’archipel, sans en avoir reçu l’autorisation préalable de leurs gouvernemens respectifs. »

Ces dispositions principales, étayées d’articles explicatifs, avaient paru aux négociateurs suffisamment précises pour écarter à l’avenir toute chance de contact territorial et conséquemment de contestation entre les deux puissances contractantes. L’événement a prouvé, une fois de plus, que la prévoyance humaine avait été en défaut. Cependant la bonne intelligence n’a pas été troublée par les infractions directes on indirectes, vraies ou supposées, que la Hollande reproche à l’Angleterre, de manière à justifier un appel à la force, et l’effet général du traité de 1824 n’en a pas moins été de consolider le pouvoir néerlandais et d’assurer sa prépondérance dans l’archipel oriental. Deux grandes mesures ont surtout été prises en vue de maintenir et de protéger l’état de choses créé par ce traité. Ces mesures sont : la création du gouvernement de Bornéo, l’affranchissement du port de Mangkassar dans l’île de Célèbes.

L’arrêté du gouverneur-général des Indes néerlandaises qui a réuni sous un gouvernement particulier les diverses résidences ou sous-résidences de Bornéo[1], porte la date du 28 février 1846.

« Considérant, dit le gouverneur-général, que les tentatives faites jusqu’ici pour tirer la population indigène de Bornéo de sa situation arriérée n’ont pas abouti au but qu’on s’était proposé, principalement par le défaut d’unité et d’harmonie des liens et rapports qui devraient être maintenus entre les diverses subdivisions de ce pays ;

« Considérant que la commission envoyée dernièrement à Bornéo a fait connaître plus clairement encore combien il était important, pour le développement régulier de l’administration et pour les intérêts de l’industrie et du commerce, d’utiliser de plus en plus les élémens de prospérité que cette île possède ;

« Considérant enfin que les connaissances acquises par l’intermédiaire de cette

  1. Banjermassing, sur la côte orientale, et ses dépendances ; Sambas et Pontianak, sur la côte occidentale.