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mille fois plus faibles de la lune. MM. Fizeau et Foucault ont recouru aux mêmes moyens pour examiner comparativement les diverses sources lumineuses naturelles ou artificielles qu’il importait d’étudier.

Les procédés photographiques ont été employés pour enregistrer d’une manière continue les indications des instrumens météorologiques, tels que le baromètre, l’aiguille aimantée, etc. Aujourd’hui, grace à cet admirable artifice, dans plusieurs observatoires de l’Europe, les instrumens de météorologie enregistrent eux-mêmes leurs propres observations. L’aiguille indicatrice de l’instrument vient se peindre sur la surface d’un cylindre tournant sur son axe d’un mouvement uniforme et exécutant une révolution dans l’espace de vingt-quatre heures. Le cylindre, étant préparé comme une plaque daguerrienne, conserve dans une sorte de traînée continue la trace de l’indicateur, et présente ainsi une courbe dont chaque ordonnée indique l’état de l’instrument à l’heure marquée par l’abscisse correspondante.

Plusieurs physiciens avaient cru reconnaître que la lumière solaire émise deux ou trois heures avant midi diffère, par quelques caractères, de celle qui est émise aux périodes correspondantes après le passage au méridien. Il était donc utile de chercher à apprécier les caractères propres à la lumière solaire aux différentes heures du jour. M. Herschell et quelques autres physiciens ont construit divers instrumens nommés actinographes, qui permettent d’arriver facilement à ce résultat. Le degré d’altération d’une couche de bromure d’argent sert de mesure à l’intensité d’action chimique de la lumière émanant du soleil à chaque période de la journée.

Tels sont les services que la photographie a déjà rendus aux sciences physiques : les applications de cette découverte à l’histoire naturelle sont plus variées encore et plus générales. La possibilité d’obtenir dans quelques instans des dessins parfaits d’animaux, de plantes et d’organes isolés, donne aux naturalistes voyageurs la faculté d’accroître indéfiniment les richesses de leurs collections d’études. Les procédés daguerriens constituent donc une des ressources les plus efficaces offertes à l’avancement des sciences naturelles. L’étude si intéressante, mais si peu avancée encore des races humaines trouvera surtout dans l’usage de la photographie la source de progrès inespérés. L’imperfection actuelle de l’anthropologie tient surtout à l’absence d’un musée de types authentiques. On conçoit dès-lors l’utilité que présenterait pour cette science intéressante une collection de ce genre exécutée dans les conditions si parfaites de l’art photographique. Les portraits daguerriens des Botocudes ou naturels de l’Amérique du Sud apportés en France en 1844 par M. Thiesson, et les études de types africains recueillies par le même artiste dans un voyage postérieur, ont montré tout ce que l’anthropologie comparée peut attendre de l’emploi