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un jour une solution satisfaisante, et que les personnes qui s’adonneront à ces recherches ne trouveront plus comme autrefois, dans les principes de la science, la condamnation anticipée de leurs tentatives. Quelque limitée qu’elle soit dans ses conséquences actuelles, cette observation n’en conserve pas moins une importance capitale. On peut espérer, en effet, que des recherches bien dirigées feront découvrir d’autres agens chimiques jouissant des propriétés du chlorure d’argent et répondant mieux que cette substance aux exigences des applications pratiques. La lumière est, de tous les agens naturels, celui dont l’étude est encore aujourd’hui la moins avancée, et depuis quelques années on a vu se succéder dans cet ordre de phénomènes des découvertes si inattendues, qu’à ce sujet il est bien difficile de ne pas s’abandonner à quelques espérances.


IV

On connaît maintenant l’histoire et les plus récens progrès de la photographie. Si nous avons cru devoir nous étendre sur cette série d’opérations délicates, si nous les avons décrites avec quelque détail, c’est, on le comprendra aisément, parce que nous voyons dans cette découverte autre chose qu’un procédé ingénieux, qu’un agent mécanique de plus mis à la disposition des arts du dessin. La science a déjà tiré de la photographie de grands services, elle peut en attendre de plus grands encore. Tel est le principal titre des arts photographiques à notre attention, et c’est la portée scientifique de l’invention de Niepce et Daguerre qu’il nous reste à démontrer. La tâche sera facile.

Une des branches importantes de la physique, la photométrie, qui traite de la comparaison de l’intensité des diverses lumières, a emprunté aux procédés photographiques les plus précieuses ressources d’expérimentation. Avant la découverte du daguerréotype, les physiciens ne pouvaient déterminer avec rigueur l’intensité comparative de deux sources lumineuses que lorsque celles-ci brillaient simultanément. Les moyens de mesure perdaient la plus grande partie de leur valeur, quand les deux lumières n’étaient pas visibles à la fois. C’est ainsi que l’intensité comparée de la lumière solaire et de la lumière des étoiles ou de la lune n’avait pu jusque-là être fixée avec une exactitude satisfaisante. L’emploi des moyens photographiques a permis de procéder, avec une rigueur tout-à-fait inattendue, à ces déterminations si délicates. Une plaque daguerrienne étant exposée à l’influence chimique de l’image formée au foyer d’une lentille par un objet lumineux, le degré d’altération subie par la couche sensible sert de mesure à l’intensité de la lumière émise. On a pu comparer ainsi avec une entière précision les rayons éblouissans du soleil et les rayons trois cent