Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 24.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.

peine, si l’on remarque que le mercure, qui tout à l’heure formait le dessin à l’état de globules infiniment petits et d’une faible adhérence, est maintenant recouvert d’une lame d’or uniforme, qui, malgré son extraordinaire ténuité, adhère à la plaque en vertu d’une véritable action chimique. Les épreuves ainsi fixées offrent assez de résistance au frottement pour pouvoir être conservées et transportées dans un portefeuille : elles présentent donc plus de solidité qu’un dessin ordinaire au crayon.

Les perfectionnemens successifs apportés au procédé originel de Daguerre ont changé d’une manière très notable, comme on le voit, l’ensemble de l’opération photographique. Il ne sera donc pas inutile de préciser en peu de mots la méthode actuellement suivie. Voici la série consécutive des opérations qui s’exécutent aujourd’hui pour obtenir l’épreuve daguerrienne : exposition de la lame métallique aux vapeurs spontanément dégagées par l’iode à la température ordinaire ; — exposition aux vapeurs fournies par la chaux brômée, le brôme ou toute autre substance accélératrice ; — exposition à l’action de la lumière dans la chambre obscure ; — exposition aux vapeurs mercurielles pour faire apparaître l’image ; — lavage de l’épreuve dans une dissolution d’hyposulfite de soude pour enlever l’iodure d’argent non attaqué ; — fixage au chlorure d’or.

La méthode actuelle, en permettant d’opérer cent fois plus vite que par le procédé primitif, a introduit dans la photographie un perfectionnement immense ; mais il faut reconnaître aussi qu’elle a rendu les opérations beaucoup plus compliquées. L’exposition à la lumière étant abrégée de trente ou quarante fois le temps ordinaire, les erreurs sur la durée de cette exposition, sur le temps nécessaire pour l’application de l’iode et des substances accélératrices, sont devenues plus faciles et plus désastreuses. L’artiste le plus exercé n’est jamais assuré d’avance de réussir dans l’opération qu’il entreprend, et ces obstacles continuels seraient susceptibles de décourager le plus fervent adepte, si la photographie n’était par elle-même un art des plus attrayans. Ce sont précisément ces difficultés, cette incertitude sur le succès définitif, qui prêtent aux opérations photographiques un charme toujours nouveau et toujours renaissant. Si le daguerréotype n’était qu’une machine aveugle dont le résultat pût être toujours calculé avec certitude, si le maniement de l’appareil ne laissait aucune part aux soins habiles et aux prévisions de l’intelligence, il perdrait son intérêt le plus vif aux yeux des amateurs et des artistes.

Parmi les modifications apportées dans ces derniers temps aux procédés photographiques, il en est encore quelques-unes que nous devons signaler : nous voulons parler des emprunts curieux que l’on a faits à diverses sciences pour perfectionner les épreuves daguerriennes