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grande partie à la réserve qu’on s’était imposée depuis quinze ans dans la concession de ce genre de bienfait dont il est si doux de se montrer prodigue et si facile d’abuser.

Ainsi, pour récapituler ce qui précède, en admettant avec M. Garnier-Pagès que la dette publique, y compris l’emprunt non réalisé de 250 millions, s’élevât au 1er janvier 1848 à 5 milliards 179 millions, il faudrait en retrancher d’abord


le montant de l’emprunt tout entier, soit 250,000,000 fr.
La solde de l’encaisse du trésor, déduction faite des sommes provenant de l’emprunt 108,000,000
Les créances actives sur les compagnies de chemins de fer, montant à 159,000,000
Et enfin le capital de 10 millions de rentes viagères dont le gouvernement de juillet a déchargé l’état, soit 100,000,000
Toutes ces déductions réunies donnent 617,000,000 fr.

On se souvient que l’accroissement de la dette publique attribué par M. Garnier-Pagès à l’ancien gouvernement s’élève à 760 millions. Maintenant qu’il faut en retrancher ces 617 millions, que restera-t-il ? 143 millions, pas davantage. Ce chiffre, quand on le rapproche de l’indignation généreuse, des accusations foudroyantes qui remplissent le rapport du 9 mars, ce chiffre doit exciter un certain étonnement. Parturiunt montes. Eh bien ! quelque mince qu’il soit, ce chiffre est encore exagéré.

En voulez-vous la preuve ? Laissez là le rapport du 9 mars et les 5 milliards 179 millions que nous avons jusqu’ici acceptés de confiance. Prenez la peine de chercher dans le compte des finances de 1847 quel était en réalité le montant de la dette publique au 1er janvier 1848, en prenant pour base les mêmes élémens qui nous ont servi tout à l’heure à établir, d’après le compte de 1832, quel était le montant de cette même-dette au 31 juillet 1830. Voici ce que vous trouverez :

Au 1er janvier 1848, les inscriptions de rentes de toute nature s’élevaient à 240,808,965 fr.[1].

Nous devons en déduire les rentes appartenant à la caisse d’amortissement, savoir 65,584,177 fr.

  1. Voici le tableau correspondant à celui que nous avons donné page 876.
    Inscription au 1er janvier 1848 Rachats de la caisse d’amortissement Rentes dues à des tiers capital nominal
    5 0/0 146,749,591 fr. 12,540,978 fr. 134,208,613 fr. 2,684,172,260 fr.
    4 1/2 0/0. 1,026,600 131,298 895,302 19,895,600
    4 0/0 26,507,375 16,026,049 10,481,326 262,033,150
    3 0/0 66,525,399 36,885,852 29,639,547 987,984,900
    Totaux 240,808,965 fr. 65,584,177 fr. 175,224,788 fr. 3,954,085,910 fr.