Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 23.djvu/875

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Garnier-Pagès. Nous les trouvons dans le rapport du 8 mai, à l’article Découverts du budget.

Un mois après, le 8 juin, elles étaient confirmées par le successeur de M. Garnier-Pagès. « Les découverts des budgets de 1840 à 1847, dit M. Duclerc dans son projet de budget rectifié, ont été à peu près comblés par l’attribution qui leur a été faite des réserves de l’amortissement successivement accumulées, et l’insuffisance actuelle de 20 millions 961,000 fr.[1] disparaîtra très probablement dans les liquidations qui restent à terminer jusqu’à la clôture de l’exercice 1847. »

Ainsi, l’ancien gouvernement laissait un passé parfaitement liquidé jusqu’au commencement de 1848. Ce fait, qu’on n’admettait qu’avec de grandes réserves et d’une façon presque ironique lors de la discussion de la dernière adresse, le voilà bien et dûment revêtu d’attestations qui ne sont pas suspectes.

Mais, cette concession une fois faite, MM. Garnier-Pagès et Duclerc s’en dédommagent aussitôt en évaluant à leur manière le déficit qu’eût présenté l’exercice 1848, si la monarchie n’eût pas été renversée.

C’est là, on le comprend, un point qui les touche de près. Comme ils ont à confesser sur ce même exercice 1848 un énorme déficit, plus ils grossiront les insuffisances qui ne sont pas du fait de la république, plus ils diminueront en apparence celles qu’il est impossible de ne pas lui attribuer. Aussi M. Garnier-Pagès a-t-il grand soin de dire qu’il résulte « d’un relevé exact des dépenses et d’une exacte évaluation des recettes »

¬¬¬

que pour l’année 1848 le déficit du budget ordinaire devait

être de

73,644,597 fr.[2]
Que les dépenses prévues pour les travaux extraordinaires s’élevaient à 169,461,969
D’où il conclut que le montant réel du déficit à la charge de la précédente administration aurait été de 243,106,566 fr.

Toutefois, il veut bien reconnaître qu’aux « dépenses de l’extraordinaire on devait faire face avec les produits de l’emprunt. » Et en effet, les travaux extraordinaires de 1848, qui s’élevaient, non pas à 169 millions, mais à 150[3], devaient être soldés, savoir : 20 millions sur un restant libre de l’emprunt de 1841, et les 130 autres millions sur l’emprunt de 1847. Les versemens mensuels de ce dernier emprunt fournissaient à peu près cette somme. Pour la parfaire, il y avait tout au

  1. M. Garnier-Pagès n’évalue cette insuffisance qu’à 18,896,020 fr. (Rapp. du 8 mai.)
  2. Selon M. Duclerc, il aurait été de 76,557,000 fr. (Exposé du budget rectifié, 8 juin.) Il est impossible, comme on voit, de savoir à quoi s’en tenir en matière de chiffres depuis le 24 février.
  3. Voir le Moniteur du 27 janvier 1848, p. 204, première colonne.