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qu’en 1849. Nous n’avons donc pas à en tenir compte dans notre examen comparatif du doit et de l’avoir du trésor pendant l’année courante. A plus forte raison, faut-il retrancher aussi de la masse des 318 millions les bons qui formaient les cautionnemens des compagnies de Bordeaux à Cette et de Paris à Avignon, puisque le remboursement n’en était pas seulement différé d’une année, mais ajourné indéfiniment. Ces compagnies ayant été déclarées en déchéance conformément à leurs cahiers de charges, les cautionnemens étaient devenus la propriété de l’état ; ils n’auraient pu être restitués qu’en vertu d’une loi. Par conséquent, les bons du trésor qui avaient été déposés pour former ce double cautionnement n’étaient plus en circulation ; l’état les avait sous sa main, il pouvait les anéantir. Ces bons ne faisaient plus que nominalement partie de la dette flottante, et M. Garnier-Pagès, en établissant le montant de cette dette, n’aurait pas dû les y comprendre. Le retranchement en valait la peine : il s’agissait de 21 millions.

Ainsi, toute rectification faite, le total des bons du trésor en circulation au 24 février n’était réellement que de 297 millions, sur lesquels il n’y avait de remboursables en 1848 que 270 millions.

Ajoutez-y les 30 millions de traites du caissier central, c’est, en tout, 300 millions auxquels il fallait pourvoir ; mais ces 300 millions, M. Garnier-Pagès le reconnaît, étaient échelonnés sur l’année entière : ils étaient, dit le rapport du 9 mars, « régulièrement distribués sur les divers mois de 1848. » Ainsi, point de surprise possible ; chaque créancier ne pouvait venir qu’à son tour.

Et c’est pour tenir tête à une dette ainsi fractionnée, qu’on avait sous la main et qu’on pouvait faire agir à volonté cette masse de ressources que nous passions en revue tout à l’heure. L’encaisse de 190 millions, même après avoir satisfait aux exigences du semestre de mars et à tous les services du trimestre d’avril, diminué de 80 millions tout au plus et offrant encore un effectif disponible d’au moins 110 millions, suffisait seul, à la rigueur, pour voir venir avec sécurité tous les porteurs de bons du trésor. Et cet encaisse, ne l’oublions pas, devait encore se fortifier et s’accroître par les versemens des compagnies de chemins de fer, par les excédans favorables de plusieurs comptes courans, et au besoin par les secours que l’escompte pouvait demander à l’emprunt du 10 novembre, tout en laissant ses versemens mensuels affectés au service des travaux extraordinaires. Avec de tels moyens d’action, avec un aussi fort levier dans les mains, on avait la certitude, j’ose dire, soit de renouveler presque tous les bons au fur et à mesure des échéances, soit de compenser et au-delà les remboursemens par de nouvelles émissions.

Voilà quelle était, au vrai, la situation du trésor avant le 24 février.

Je sais que M. Garnier-Pagès va nous dire : « Parmi ces ressources