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d’épargne consolidés sur le grand livre. Voilà donc, d’un seul coup, 290 millions retranchés du chiffre de M. Garnier-Pagès ; voilà ses 957 millions descendus à 667 : c’est moins imposant, moins sonore ; nous nous éloignons bien du milliard, mais, en revanche, nous sommes plus près de la vérité. Pour l’atteindre complètement, il y aurait peut-être encore une vingtaine de millions à élaguer. Les documens nous manquent pour éclaircir ce point. Nous n’avons qu’un seul chiffre officiel, le chiffre du 1er janvier, 630 millions. A partir du 1er janvier, point d’autres renseignemens que les rapports du 9 mars et du 8 mai, et le peu de chiffres qui s’y trouvent se démentent les uns les autres, ainsi qu’on l’a déjà vu et comme on le verra mieux encore tout à l’heure. On ne peut donc rien affirmer. Ce que nous croyons savoir, c’est que, du 1er janvier au 24 février, il a pu être émis, en vue de grossir la réserve, pour 34 millions environ de bons du trésor, la plupart à un an d’échéance, ce qui ne chargeait pas l’exercice 1848 ; mais, pour croire que cette émission eût porté momentanément la dette flottante au-delà de 660 millions, il faudrait que, dans l’intervalle, il n’eût été fait aucun remboursement. Or, le contraire est arrivé ; plusieurs comptes ont même subi d’assez notables diminutions. Il est donc bien difficile que le chiffre réel soit 667 millions ; nous en admettrions tout au plus 650, ce n’est là du reste qu’une question secondaire, il ne vaut pas la peine d’insister. Après avoir tranché au vif dans le milliard de M. Garnier-Pagès, après en avoir abattu un grand tiers et avoir ramené la dette flottante à peu près à ses proportions véritables, quelques millions de plus ou de moins n’ont pas grande conséquence ; ce qui est plus important, ce qui est capital dans la question qui nous occupe, c’est de savoir si la totalité de cette dette, quel qu’en soit précisément le chiffre, était, comme le dit M. Garnier-Pagès, incessamment exigible, si le trésor pouvait se trouver à tout moment sous le coup d’un remboursement intégral, et si, en dépit de ses ressources, il existait pour lui une chance quelconque de danger.

Eh bien ! sur cette dette de 650 millions environ, la moitié tout au plus était, non pas incessamment exigible, mais, ce qui est bien différent, remboursable à des époques déterminées. Quant à l’autre moitié, composée des comptes courans du trésor, elle s’entretenait et se remboursait perpétuellement elle-même, de telle sorte qu’elle formait une sorte de fonds permanent dont la surface, si l’on peut parler ainsi, laissait bien voir quelques légères ondulations provenant d’un certain mouvement d’entrées et de sorties, mais qui, en définitive, gardait toujours à peu près le même niveau. Quiconque a étudié les opérations de la dette flottante sait à quoi se réduisent, en moyenne, les chances de remboursement pour les comptes courans du trésor. Le plus exposé de tous à des variations un peu brusques est celui des caisses d’épargne,