parvenue à fournir à chaque habitant une ration de viande trois fois plus forte que celle des Français, et qu’elle a pu répandre dans ses champs trois fois plus de fumier.
Reproduire chez nous les réformes accomplies en Angleterre, substituer la culture rationnelle et la grande industrie agricole à cette exploitation nécessiteuse et routinière qui stérilise une grande partie du territoire français, tel est le rêve doré de ceux qu’on appelle dans nos campagnes des agriculteurs de salon. En effet, les dissemblances entre les deux pays sont tellement à notre désavantage, qu’il est difficile de les constater sans une sorte de découragement. Chez nous, la nature du sol, le régime de la propriété, les lois civiles, le crédit, les mœurs, opposent aux améliorations des obstacles qui, sans être absolument insurmontables, ne peuvent être aplanis que par une main bien habile et bien puissante. On en va juger.
La France est un pays favorisé sans doute ; mais son privilège résulte plutôt de sa position géographique, de la douceur de son climat, et, pour ainsi dire, du modelé de son territoire, que de la fertilité inhérente au sol cultivable. Les géologues répartissent ainsi les 52,768,610 hectares qui composent le domaine rural.
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hect. | |
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Sol de riche terreau | 7,276,368 |
Sol de craie, ou calcaire | 9,788,197 |
Sol de gravier | 3,417,893 |
Sol pierreux | 6,621,348 |
Sol sablonneux | 5,912,377 |
Sol argileux | 2,232,885 |
Sol limoneux ou marécageux | 284,454 |
Espaces de différentes sortes | 7,290,250 |
Pays de bruyères, landes, terres vagues | 5,676,088 |
Aspérités montagneuses, impropres à la culture | 4,268,750 |
52,768,610 |
Il résulte de cet aperçu que les terres d’une qualité parfaite ne composent pas même la septième partie de la superficie totale ; mais beaucoup d’autres localités, dont la constitution géologique est corrigée artificiellement, sont utilisées de la manière la plus productive. Les agronomes, qui ne considèrent que le revenu, établissent une autre classification : ils établissent cinq classes de terres, suivant le degré de fécondité. Le département du Nord, dans presque toute son étendue, la Limagne d’Auvergne, la vallée de l’Isère, la plaine de Meaux, certaines portions de l’Alsace, égalent, à leur avis, les meilleures terres connues.