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dite franchement, et il faut lui en savoir gré, car cette exposition de la situation du budget était une terrible accusation lancée contre les fausses appréciations de ses amis, MM. Garnier-Pagès et Duclerc. Le comité des finances vint loyalement en aide au ministre, et le lumineux rapport de son président, M. Gouin, en posant avec fermeté et clarté les véritables principes qui devaient servir à baser la détermination de l’assemblée, fut un puissant secours pour M. Goudchaux. L’assemblée vota le crédit de 13,131,000 francs rentes 5 pour 100, qui, au taux de 75 25, produiront un capital de 197,549,000 francs, d’où il faut déduire 25 millions, valeur des certificats de l’ancien emprunt de 1847, acceptés pour paiement de 10 pour 100 dans le nouvel emprunt. C’est donc 172,549,000 francs que l’état recevra. Il peut être curieux de remarquer que le même nombre de rentes 3 pour 100, au même prix de 75 25, auquel le dernier emprunt de 1847 avait été contracté, eût produit un capital de 329,000,000 francs. Ainsi l’état a reçu 157 millions de moins cette année, pour la même somme de rentes, par suite de la révolution de février.

Pour consolider les caisses d’épargne et les bons du trésor, il a été créé :

Pour un capital de 246 millions de bons du trésor à 55 fr. 13,400,000 fr. rente 3 pour 100 ;

Pour un capital de 330 millions, dépôts des caisses d’épargne à 80 fr. 20,650,000 fr. rente 5 pour 100 ;

Soit en totalité, pour un capital de 576 millions, une rente de 34,050,000 francs ;

Or, à 4 pour 100, taux du dernier emprunt contracté par la monarchie, 34,050,000 francs de rentes auraient produit un capital de 851,250,000 francs. C’est donc une perte en capital de 325 millions que cette consolidation nous a coûtée sous la république comparée avec ce qu’elle aurait coûté sous la monarchie. Réunissant les deux sommes résultant de l’emprunt et de la consolidation, on trouve une différence totale en perte de 482 millions sur ce que ces opérations auraient coûté avant la révolution de février.

Ces rapprochemens n’ont d’autre intérêt que de montrer la différence du crédit de la monarchie de juillet et de la république, et de faire voir par combien de millions nous avons déjà acheté notre nouvelle forme de gouvernement.

L’appui bienveillant qu’à cette occasion importante le ministre trouva dans le comité aurait dû lui faire sentir tout l’avantage d’un tel auxiliaire. Certes, un pareil appui de la part du comité ne pouvait devenir sujétion : il était probable que sur plusieurs points, que dans certaines questions, le ministre et le comité ne se rencontreraient pas d’accord ; mais il était particulièrement facile de prévoir que cette bonne