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des sels[1], et personne ne peut dire combien de temps les départemens se soumettront à payer des contributions pour l’entretien de pareils établissemens.

Il est résulté du recensement des ateliers nationaux de Paris, fait au milieu du mois de juin, que nous soldions à ce moment 103,500 individus : l’on n’a encore aucuns détails précis sur la division par âges, par origines, par professions, par état civil, de cette masse d’hommes. On paie, cela suffit. Sur ces 103,500 hommes, 8,000 seulement sont employés à des travaux de terrasse sur un espace qui n’en admettrait pas plus de 2,000 dans des ateliers bien dirigés, et ces 8,000 travaillent comme 200. Un atelier de cordonniers fait des souliers qui reviennent à 8 francs, qu’on a revendus 4, puis 6, et, par conséquent, prive de travail son équivalent d’ouvriers libres. Tout le reste reçoit une solde de 8 francs par semaine chez soi, sans autre dérangement que celui d’aller la chercher chaque jour. Le mot d’ateliers nationaux est donc à Paris un mensonge, et il couvre l’organisation d’une troupe soldée on ne saurait dire au profit de qui.

Cette troupe est organisée par escouades, brigades, compagnies, bataillons, services et arrondissemens.

« L’escouade est de 10 hommes commandés par un chef, total 11 hommes ;

« La brigade comprend cinq escouades et obéit à un chef, total 56 hommes ;

« Chaque compagnie, composée de quatre brigades, a un lieutenant, total 225 hommes ;

« Pour quatre compagnies, il y a un bataillon commandé par un chef, total 901 hommes ;

« Un service comprend trois bataillons ou douze compagnies, total 2,704 hommes en comptant le chef ;

« Chacun des arrondissemens, suivant les douze circonscriptions territoriales de Paris, a un chef et comprend un nombre de services variables.

« La banlieue ne forme qu’un seul arrondissement.

« La direction centrale nécessite à elle seule plus de 250 employés de bureaux, installés dans le domaine de Monceaux[2]. »

Voilà les faits dans toute leur nudité, et il serait superflu de chercher

  1. La taxe sur les sels a rendu en 1847 :
    Perception des douanes 56,777 000 fr.
    Perception des contributions indirectes 13,657,000
    70,434,000 fr.

    (Développemens à l’appui du budget des recettes de 1849, page 100.)

  2. Rapport du 19 mai au ministre des travaux publics.