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À cela on ajouterait, comme mesure transitoire, un droit protecteur qui ne devrait s’élever dans aucun cas à plus de 8 ou 10 pour 100. Il y aurait dans un tel régime tout à la fois sécurité parfaite pour les établissemens existans et une ouverture raisonnable à l’importation pour faciliter les recettes publiques.

En réduisant de même an taux de 8 et 10 pour 100 les droits sur les autres articles qui composent ce chapitre, on élèverait sans peine la recette totale, de 67,102 fr., chiffre de 1845, à 2,000,000.

Boissons. — Il n’y a pas moins à espérer sur les boissons, dont le produit ne s’est pourtant élevé, en 1845, qu’à 604,484 francs. Deux articles seuls, sur dix-neuf ou vingt qui composent le chapitre, ont procuré la plus grande partie de cette recette, et ce ne sont pas les plus importuns ; savoir : les vins de liqueur en futailles, 321,297 francs, et les eaux-de-vie de mélasse (rhum et tafia), 175,823 francs, ensemble près de 500,000 francs. Ajoutez-y 45,350 francs perçus sur l’importation des bières, et vous aurez la presque totalité de la recette obtenue sur l’ensemble du chapitre. Les vins ordinaires, article si important, n’y figurent que pour un chiffre insignifiant : 10,155 francs pour les vins en futailles, et 3,591 pour les vins en bouteilles. Pourquoi cela ? toujours par la même raison, parce que le droit est excessif : 15 francs l’hectolitre par terre et 35 francs par mer. Et si nous demandions pourquoi des droits si élevés sur un semblable article, particulièrement à l’importation par mer, on aurait sans doute quelque peine à nous répondre. Certes, la France est riche en vins de toute nature : elle l’est tellement, qu’elle pourrait en approvisionner l’Europe entière. Est-ce à dire pour cela qu’elle doive s’abstenir de la consommation des vins étrangers ? Loin de nuire à notre industrie vinicole, l’importation de ces vins lui serait plutôt favorable, ne fût-ce qu’en facilitant certains mélanges heureux. Nous voudrions donc que le droit fût réduit immédiatement à 5 francs l’hectolitre sur les vins ordinaires, par quelque voie qu’ils fussent importés, et à 20 francs au lieu de 100 sur les vins de liqueur. Bien entendu que ces chiffres ne comprennent pas les droits afférens à la régie des contributions indirectes. La prohibition qui frappe les eaux-de-vie de grains, autre mesure fâcheuse que rien n’explique, serait convertie en un droit de 20 francs l’hectolitre d’alcool pur. Ce tarif serait également applicable à toutes les autres sortes d’eaux-de-vie, sans distinction de provenances, et servirait de base pour l’établissement d’un droit proportionnel sur les bières, cidres, poirés, hydromels, vinaigres, etc. Les eaux minérales seraient entièrement affranchies. Très favorable à l’industrie et au public consommateur, un tel régime ménagerait au trésor public, sur l’importation des boissons, une recette au moins égale à 2,000,000 de fr.

Vitrifications. — Croirait-on que le chapitre des vitrifications, qui comprend