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seulement, la ville de Chartres eut son maire. Voici la curieuse et naïve réponse à l’enquête du cardinal de Bourbon :


(1560.) « Le 18 novembre, Charles de Bourbon adressa d’Orléans aux bailly, lieutenant, prévost, officiers du roi, maires et échevins de Chartres, diverses questions auxquelles il fut répondu de la manière suivante en ce qui concerne l’administration de la ville. — Que, quant à la justice, le criminel est mal administré ; que les crimes et délits ne sont punis ainsi qu’il seroit nécessaire pour le repos et la tranquillité des habitans. — Que dans la ville de Chartres il n’y a point de maire, mais des échevins au nombre de douze, dont deux du chapitre que la chambre de ville n’a aucune juridiction, cohortion ne contrainte, et aux jours d’assemblée ne peuvent rien ordonner, sinon ce qui concerne l’administration des affaires communes de la ville, et est encore requis que l’un des officiers du roi y préside pour conclure ce qui est délibéré ; tellement que s’il se présente quelque affaire de police, les échevins n’en peuvent rien ordonner, laquelle police appartient au prévôt, ainsi que la justice ordinaire, et par supériorité au bailly de Chartres. — Et si en la chambre de ville il y avoit quelque autorité et puissance fondée en justice et juridiction, et qu’il leur fût permis de commander aux sergens pour l’exécution de leurs ordonnances, toutes choses s’en porteroient mieux. — t se commettent en ladite ville et es-environs plusieurs larcins, vols, meurtres et autres crimes et délits dont on ne fait aucune poursuite. — Les échevins n’ont entendu aucune plainte des hôtes qui ont logé gens de guerre par garnison, n’ayant puissance d’y donner ordre. » - La ville envoye deux députés porter la réponse suivante : « Qu’il n’y a eu et n’y a aucunes émotions et assemblées illicites contre les ordres du roy, et que les habitans vivent dans l’obéissance, foy et loyauté qu’ils doivent à Dieu et à leur souverain légitime. — Qu’il n’y a aucune division pour le fait de la religion chrétienne, ni aucun scandale dans les églises, ni images rompues ; — qu’à la vérité, il y a trois ans que quelques gens de guerre, passant par la ville, firent du scandale dans l’église de Notre-Dame de Chartres, et que le peuple, ému de cette insolence, leur résista ; — que les vitres d’un vicaire de l’une des paroisses de la ville ont été cassées ; — qu’une pierre fut jetée dans les vitres de l’Hôtel-Dieu, laquelle tomba dans l’église ; — qu’aucuns compagnons ont ôté de nuit les filets de quelques preneurs d’alouettes, qu’ils se sont emparés de celles qui étoient prises, et qu’à trois lieues de Chartres, au village de Chamblay, ils ont mangé lesdites alouettes le lendemain, qui étoit vendredi. — Qu’on a trouvé un livre dans le chœur de l’église de Notre-Dame de Chartres, sur lequel étoient écrits ces mots : Confession de ceux qui sont faussement appelés huguenots. — Qu’à l’assemblée générale des états particuliers de la province de Chartres, les députés des villes auroient présenté des articles grandement contraires à notre religion chrétienne et foy catholique. — Qu’on avoit fait informer de ce que dessus, afin de résister à des entreprises téméraires. — Que la police n’appartenant pas aux échevins, ils ne peuvent savoir si dans la ville ou aux environs, aucuns ont failli à se présenter à la convocation et réception du corps de Notre Seigneur à la fête de Pâques et autres fêtes solennelles, et n’ont lesdits échevins puissance ni commandement sur les curés ou vicaires de la ville ; mais appartient cette inquisition à monseigneur l’évêque ou ses vicaires et à MM. les officiers du