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LE


SALON DE 1848.




LA SCULPTURE, LES PASTELS, LES DESSINS.




Émeric David, dans ses recherches sur l’art de la statuaire, indique un certain nombre de règles principales, puisées dans la nature, que les artistes grecs auraient suivies, et auxquelles ils auraient dû l’excellence de leurs ouvrages. Ces règles sont relatives à l’accord des proportions ou à la symétrie ; à notre avis, elles sont trop absolues et trop exclusives. Rigoureusement observées, elles arriveraient à faire de la statuaire une science plutôt qu’un art, et enlèveraient à l’artiste toute spontanéité et toute invention. Nous craignons que l’application de ces principes, faite sans réserve vers 1800, n’ait été la cause principale de la froideur et de l’insipidité de la plupart des productions des statuaires les plus en vogue durant le premier tiers du siècle. Celle de ces règles, par exemple, qui astreint l’artiste à augmenter l’étendue réelle des parties principales en donnant à la forme autant de développement que la nature le permet, a entraîné tel artiste en vogue à une exagération des courbes qui conduit à l’abolition du caractère et de l’accent. Cette rondeur de la forme qu’on reproche à la plupart des statuaires de la période impériale et même à Canova, le prince de la sculpture, dont la renommée a un peu décliné, ne provient que de l’application par trop rigoureuse de cette règle du développement. Les grands statuaires grecs, à commencer par Phidias, n’obéirent à aucune loi de cette espèce. La forme, dans leurs ouvrages, est plutôt accusée carrément et