Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 22.djvu/572

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réelle, au moins quant aux recettes. Sur environ 9,200,000 fr. que la douane a perçus, elles en ont procuré au-delà de 8,300,000. Encore ce produit est-il dû presque en totalité à l’importation des huiles d’olive, qui n’ont pas donné moins de 8,146,000 fr. Tous les autres articles qui composent ce chapitre, articles si importans à d’autres égards, n’ont donc contribué ensemble que pour 1 million, en comptant même la recette obtenue sur les huiles de graines grasses et de palme. Si un tel résultat était dû à la modicité des droits, on pourrait s’en applaudir ; mais quand on considère qu’il est dû, au contraire, à l’exagération des droits, qui a empêché le pays d’importer ces marchandises en quantité suffisante pour son usage, on ne peut que le déplorer amèrement.

Même pour les huiles d’olive, le droit actuel est trop fort. Il est de 25 francs les 100 kilogrammes par navires français, et de 30 francs par navires étrangers et par terre ; ce n’est pas moins de 22 à 28 pour 100 de la valeur[1]. Aussi voyons-nous que, depuis douze à quinze ans, l’importation de ces huiles a plutôt diminué qu’augmenté. Elle avait été en 1833, par exemple, d’un peu plus de 45,000,000 de kilogrammes, tandis qu’elle n’est plus, en 1845, que de 30,000,000 de kilogrammes. Si l’on considère, d’une part, les emplois si étendus et si variés de l’huile d’olive, de l’autre, l’extrême abondance de la production sur tout le littoral de la Méditerranée, on trouvera que l’importation même de 1833 était bien médiocre ; celle de 1845 est donc véritablement chétive. Quoique l’arrivage plus abondant des graines grasses sur nos marchés ait pu contribuer à l’amoindrir, en satisfaisant par d’autres moyens une partie des besoins, il est incontestable pourtant qu’elle deviendrait plus forte avec un droit plus modéré. Cette modération du droit sur les huiles étrangères ne causerait, du reste, aucun dommage à la culture de l’olivier dans le midi, puisque la Provence ne produit guère que des huiles comestibles d’une qualité supérieure, tandis que celles que nous tirons du dehors sont généralement destinées à la fabrique. Le véritable ennemi de cette culture, c’est la maladie qui trop souvent attaque les arbres ; ce n’est pas l’importation étrangère, dont les cultivateurs n’ont jamais eu grand souci. Nous proposons donc de réduire le droit sur les huiles d’olive de 25 francs les 100 kilogrammes à 15 fr. Ce serait encore environ 13 pour 100 de la valeur, et, pour un produit si utile, c’est beaucoup. À ce taux, le droit produirait à peu près la même somme qu’aujourd’hui, car il n’est pas douteux que l’importation augmenterait dans une très forte proportion.

  1. Dans les tableaux officiels, la valeur attribuée à l’huile d’olive est de 80 francs les 100 kil., et on évalue au même taux l’huile de graines grasses. Il y a là une double erreur. L’évaluation est peut-être un peu trop forte pour l’huile de graines grasses, mais elle est certainement trop faible pour l’huile d’olive, dont les prix varient, sur la place de Marseille, de 110 à 120 francs.