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soit maintenu ; une nation laborieuse de 35 millions d’hommes ne peut pas s’arrêter long-temps, mais, pour le moment, il y a suspension. Les produits des impôts sur la consommation, de ceux surtout qui portent sur les mutations de propriété, comme les droits d’enregistrement et d’hypothèque, fléchiront sensiblement ; c’est une nécessité momentanée qu’il faut savoir accepter.

Le budget des recettes ordinaires de l’état avait été évalué, par le dernier gouvernement, à 1,370 millions pour 1848 et à 1,380 pour 1849. Il est difficile que la diminution à prévoir dans les recettes, par suite des considérations qui précèdent, soit bien au-dessous d’une centaine de millions par an. C’est à ce déficit que le nouveau ministre des finances a voulu pourvoir, pour cette année, par son imposition extraordinaire de 45 centimes ; mais j’ai bien peine à croire que cette contribution diminue le déficit, qui se reproduira sous d’autres formes : elle n’est d’ailleurs établie que pour cette année seulement. On peut donc dire dès à présent que la république ne doit compter que sur un budget ordinaire de 1,300 millions.

Vient maintenant ce qu’on appelait le budget extraordinaire des travaux publics. Ce budget était annuellement, en compte rond, de 150 millions ; il y était pourvu, soit par des emprunts, soit par la dette flottante. Ces ressources sont aujourd’hui éteintes. De long-temps, la république doit s’abstenir de tout emprunt nouveau, de toute émission nouvelle de bons du trésor ; elle a bien assez à faire, dans le naufrage du crédit public, pour suffire à ses engagemens antérieurs. Je ne crois pas non plus que la vente des biens et des diamans de la couronne soit pour elle une bien grande ressource. Elle a donc en tout et pour tout 1,300 millions de revenus. Peut-elle avec ce chiffre faire face à tout ? Voilà la vraie question. Pour mon compte, je le crois, mais à des conditions que je vais indiquer. Dans un moment comme celui où nous sommes, chacun est excusable de se faire donneur de conseils.

Les derniers budgets présentés aux chambres permettent d’évaluer les dépenses autorisées pour les exercices 1848 et 1849 à 1,550 millions environ, service ordinaire et extraordinaire compris. Il s’agirait donc purement et simplement, pour mettre dès aujourd’hui le budget de la république en équilibre, de réaliser une économie annuelle de 250 à 260 millions, en supprimant la distinction inutile entre le budget ordinaire et le budget extraordinaire et en pourvoyant à tout par les seules ressources de l’impôt. Voyons si la chose est possible sans rien compromettre.

L’amortissement est porté au budget de 1849 pour 125 millions, dont 52 millions de dotation et 73 millions de rentes rachetées. Or, l’amortissement a été souvent attaqué par beaucoup de bons esprits comme une complication superflue dans nos finances ; depuis long-temps, il