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quoique ces mots n’aient pas une signification absolue, puisqu’il y a à peu près partout un mélange d’indigènes et d’Européens dont les proportions seules varient.

Les villes indigènes sont Constantine, qui compte 20,000 indigènes contre 2,000 Européens ; Tlemcen, qui compte 8,000 indigènes contre 4,000 Européens ; Mascara, qui compte 3,000 indigènes contre 1,200 Européens ; Médéa, qui compte également 3,000 indigènes contre 1,200 Européens. Ces villes arabes, à l’exception de Médéa, doivent rester jusqu’à un certain point ce qu’elles sont ; il n’est pas à désirer que la population européenne s’y accroisse notablement. Tout ce qui évite le contact immédiat, le frottement de deux races, est favorable au maintien de la paix, et par suite au progrès de la civilisation. Les Européens, groupés dans un quartier séparé et autour de la garnison, feront bien de livrer la ville aux indigènes, qui ont l’habitude d’y vivre à leur guise. Cette population est en grande partie flottante ; elle est divisée en corporations d’états qui diffèrent suivant les races : les Kabyles sont boulangers, maçons, jardiniers et bouchers ; les Mosabites sont baigneurs et conducteurs d’ânes ; les Biskris sont portefaix et manœuvres ; les nègres sont domestiques. Le reste de la population flottante vient vendre et acheter. C’est, comme on voit, toute une organisation locale qui fonctionne depuis des siècles et qu’il faut se garder de détruire.

Pour les villes mixtes, c’est différent, et celles-ci sont les plus nombreuses ; les principales sont : Alger, qui compte 50,000 Européens contre 25,000 indigènes ; Oran, qui compte 20,000 Européens contre 8,000 indigènes ; Bône, qui compte 6,000 Européens contre 4,000 indigènes ; Mostaganem, qui compte 4,000 Européens contre 3,000 indigènes ; Blidah, qui compte 3,000 Européens contre 3,000 indigènes ; Miliana, qui compte 1,200 Européens contre autant d’indigènes ; Koléa et Cherchel, qui comptent chacun un millier d’Européens contre autant d’indigènes, etc. L’avenir de quelques-unes de ces villes est incertain ; à Miliana, à Koléa, à Cherchel, à Blidah, à Mostaganem, il y a encore lutte entre les deux populations. Dans les grandes villes, la question est tranchée ; Alger et Oran sont de plus en plus des villes européennes. Il est bien désirable que l’élément européen finisse de même par l’emporter dans toutes les autres, et que la supériorité du nombre y coupe court à toute chance de collision. Dans tous les cas, il importe de se bien rendre compte des moyens d’existence de la population indigène dans ces villes ; si elle a de quoi vivre en restant, qu’elle reste ; sinon, qu’on prenne toutes les mesures nécessaires pour lui faciliter un autre établissement.

Les villes européennes proprement dites sont : Philippeville, qui compte 5,000 Européens contre un millier d’indigènes ; Bouffarik, qui compte 2,000 Européens contre une centaine d’indigènes ; Tenès, qui