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qui composent la première classe n’entraînerait pour le trésor qu’une perte insignifiante de 4,051 fr., et que si l’on supprimait, en outre, tous ceux de la deuxième classe, la perte ne s’élèverait encore qu’à un peu plus de 100,000 francs.

En prenant le tableau en sens inverse, voici ce que nous trouvons. Sur une recette totale de 152 millions, les 17 articles qui composent la sixième classe ont seuls produit environ 120 millions. Si on y ajoute ceux de la cinquième classe, on trouve un nombre total de 96 articles, qui ont produit ensemble 144,239,678 fr., en sorte qu’il ne reste pour tous les autres articles réunis, qui sont dans le tableau au nombre de 852, et qui s’élèveraient par le fait à plus de 1,000, qu’une recette totale de 7,874,583 francs. Il suit de là qu’on pourrait faire disparaître du tarif plus de 1,000 articles sans que le revenu public fût affecté d’une perte égale à 8 millions. L’économie qu’on pourrait obtenir sur le service de la douane couvrirait seule au besoin cette différence. Et quelle admirable facilité n’en résulterait-il pas pour les relations commerciales ! À ce point de vue, la perte que nous admettons sur le revenu ne serait même qu’hypothétique, car nos relations avec le dehors se multiplieraient si bien, que les 96 articles maintenus au tarif fourniraient seuls, et au-delà, les 152 millions actuellement perçus sur tout l’ensemble.

Cette vue serait pourtant incomplète, et ce n’est pas uniquement d’après ces indications que nous avons cru devoir procéder. Il y a tels articles qui, dans l’état présent des choses, produisent très peu, — parce que, les droits qui les frappent étant excessifs, l’importation en est presque nulle, et qui seraient susceptibles de procurer d’abondantes perceptions, s’ils étaient soumis à des droits plus modérés. Il y en a d’autres, au contraire, qui figurent maintenant parmi nos principaux articles de recettes, et qu’on devrait se résoudre à dégrever fortement dans l’intérêt de l’industrie nationale, dussent-ils produire beaucoup moins ; tels sont, pour ne citer qu’un exemple, les cotons bruts. Il ne s’agit pas uniquement, en effet, de simplifier le tarif, mais encore de le rendre à la fois plus favorable à l’industrie dans ses tendances et plus fécond pour le trésor. Pour résoudre ce double problème, des radiations opérées d’une manière sommaire, si nombreuses qu’elles fussent, ne suffiraient pas. Il ne faut rien moins qu’une élaboration nouvelle, un remaniement profond et raisonné, où l’on ne supprime qu’à propos, où tantôt on élève, tantôt on abaisse le chiffre des recettes, selon les cas, en demandant dès à présent la plus grande partie du revenu aux articles qui sont le mieux faits pour le produire.

Quelque difficile et compliqué qu’un tel remaniement paraisse, et qu’il soit en effet, nous avons osé l’entreprendre. Nous avons donc pris le tarif, aussi bien que le tableau des recettes de la douane, section par