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droits sur les produits exotiques, de telle sorte qu’ils procurent dès à présent une notable augmentation de revenu, avec la perspective assurée d’une augmentation plus grande encore dans l’avenir.

C’est en suivant cette marche rationnelle qu’on peut arriver en France, sans effort et sans trouble, à élever les recettes de la douane, après un terme qui n’excéderait pas trois ou quatre ans, à 300 millions et plus. Quelques hommes à imagination trop prompte portent même beaucoup plus loin le chiffre de cet accroissement possible. Nous croyons qu’ils s’abusent ; mais si l’on considère que les recettes de cette administration ne s’élèvent pas actuellement à plus de 150 à 153 millions, dont il faudrait encore déduire les frais de perception, qui sont considérables, et les restitutions effectuées à titre de primes, on comprendra que l’accroissement dont nous offrons la perspective certaine est un objet qui vaut la peine d’être poursuivi. Il y a d’autant plus de raison de s’y attacher avec constance, que ce but peut être atteint non-seulement sans aggraver, mais encore en allégeant sensiblement les charges publiques.


III

Outre les résultats que nous venons d’indiquer, il y en a un autre vers lequel il faut tendre : c’est la simplification du tarif. Tout ce code fiscal est aujourd’hui d’une complication effrayante. D’abord, il n’est point de produit, si chétif, si insignifiant qu’il soit, que la douane n’atteigne. Il en résulte que le tarif est surchargé d’un nombre prodigieux d’articles, dont la plupart ne rapportent presque rien au trésor, et plusieurs même rien du tout, sans qu’on puisse apercevoir d’ailleurs aucune raison spécieuse pour les y maintenir. En outre, on y a multiplié les distinctions à l’infini : distinctions entre des produits de même sorte, selon les qualités intrinsèques de la matière, selon les formes ou les dimensions des pièces ; distinctions selon les lieux de provenance ou d’expédition ; distinctions encore selon le mode de transport, selon les zones, ou quelquefois même selon les bureaux d’importation. Nous ne parlons pas des droits différentiels destinés à favoriser notre marine marchande, et qui, établis sans aucune base fixe, varient selon l’espèce des marchandises, selon les lieux de provenance, de manière à constituer à eux seuls un labyrinthe inextricable. Ajoutez à cela que, pour la plupart des marchandises, il y a des droits à la sortie comme à l’entrée, ce qui double d’un seul coup les applications du tarif. Tel qu’il est, ce tarif peut être considéré comme une vaste toile d’araignée, mais une toile d’araignée à fortes mailles, où notre commerce est de toutes parts enveloppé et étouffé.

Une des premières mesures à prendre pour ramener ce système à des