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trie linière ne redoutera plus autant l’envahissement des produits de l’industrie similaire belge, lorsque la Hollande détournera une partie de ces produits. Nos autres industries n’auront plus le droit d’opposer à la Belgique l’infériorité relative de son marché, dès que ce marché se trouvera accru, par l’accession de la Hollande et de ses colonies, d’environ six millions de consommateurs immédiats. Nous n’avons pas besoin d’ajouter que la dissemblance de productions sur laquelle se base naturellement l’union hollando-belge existe, à un plus haut degré encore, entre la France et les Pays-Bas, et qu’aucun empêchement sérieux ne s’élèvera de ce côté.




REVUE SCIENTIFIQUE


Les commotions politiques ne sauraient arrêter la science dans la voie qu’elle s’est tracée : elles légitiment au contraire et nécessitent de plus en plus son intervention dans le domaine de la vie pratique. Parmi les nouveaux résultats qui s’offrent sur ce terrain à la curiosité de la critique, il n’en est pas de plus intéressans, à notre avis, que les procédés qui peuvent donner une impulsion nouvelle à l’agriculture et en multiplier les bienfaits. Depuis long-temps étudiée par tous les agronomes avec une louable sollicitude, la question des engrais vient d’être reprise avec une nouvelle ardeur, dans ces derniers temps, en France et en Angleterre. Cette question est, pour l’agriculture, de la plus haute importance. L’Angleterre par de grandes expériences, la France et l’Allemagne par de savantes recherches, ont également préparé la solution d’un problème qu’on ne peut bien comprendre, si on ne remonte aux principes mêmes de la physiologie végétale.

Ce serait une grande erreur de croire que les élémens primitifs qui composent les corps répandus dans l’espace sont complètement anéantis après avoir fait partie intégrante d’un être organisé ou d’un minéral. Rien ne se perd dans la nature, a dit un chimiste célèbre, rien ne s’y crée : un mouvement éternel fait circuler la matière, qui, tantôt pénétrée du souffle vital, entre dans la composition de nos tissus, et, tantôt rejetée par les excrétions ou frappée par la mort, est rendue à la masse des corps inertes qui nous entourent. Chaque être animé est un laboratoire où se réunissent un certain nombre de ces élémens dans des combinaisons bien définies, donnant ainsi naissance à des composés (les principes immédiats) qui n’appartiennent qu’à l’organisation. La plante et l’animal vivent et se développent l’un pour l’autre ; il règne entre eux une admirable harmonie, qui règle à la fois leurs dépenses et leurs besoins. Tandis que l’animal emprunte à la plante son aliment, celle-ci le puise dans l’atmosphère et dans le sol. Aussi l’agronome qui veut d’abondantes récoltes ne doit poursuivre qu’un but, celui d’établir une juste proportion entre la richesse des milieux qu’il cul-