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L'ORGANISATION DU TRAVAIL


ET L'IMPÔT.





Si la société est mal faite, refaites-la. »
(Discours de M. Louis Blanc.)


Une révolution n’est vraiment digne de ce nom que lorsqu’on la fait dans l’intérêt du plus grand nombre. Les intrigues et les catastrophes de palais, les changemens soudains d’hommes ou de lois peuvent laisser une trace de sang dans l’histoire : la mémoire des peuples ne s’attache qu’aux événemens qui ont amélioré leur sort, et qui marquent en quelque sorte les étapes du progrès.

Le progrès est la pierre de touche des révolutions ; mais il ne s’accomplit pas en un jour, il ne jaillit pas comme un éclair qui illumine l’espace. Les peuples s’affranchissent par degrés. La liberté s’étend, et la base du pouvoir s’élargit à mesure que les lumières se répandent, Chaque évolution de l’humanité apporte une idée nouvelle et consacre des droits nouveaux ; chacune a sa destinée à remplir. Il ne faut pas que les lois s’élancent en avant ni qu’elles passent à côté des mœurs, car alors elles seraient des chimères ou des violences.

Quand on veut sérieusement réformer, améliorer, développer, on doit partir de ce qui existe, et prendre pied dans le monde des réalités. Les grands législateurs de l’antiquité et des temps modernes se sont toujours annoncés comme les continuateurs de la tradition orale ou écrite. C’est dans le passé, c’est dans les mœurs primitives qu’ils ont placé leur idéal, leur âge d’or. Moïse continue les patriarches, et l’Évangile