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qui semblaient ne devoir préoccuper que les théoriciens. L’histoire de la musique militaire, qui n’avait jamais été écrite, méritait, à plus d’un titre, de fixer l’attention d’un écrivain compétent ; mais, par cela même qu’elle avait été complètement négligée jusqu’à ce jour, elle exigeait les recherches les plus variées, les plus patientes. C’est par des indications demandées tour à tour aux poètes, aux historiens, aux érudits, de toutes les littératures, qu’il fallait suppléer au silence gardé sur ce point par les annalistes spéciaux de la musique. M. Kastner n’est pas resté au-dessous de sa tâche, et son livre ne laisse rien ignorer sur les destinées de la musique militaire depuis l’antiquité la plus reculée jusqu’à nos jours. Arrivé à notre époque, l’auteur a consacré une partie considérable de son ouvrage à traiter une question d’un intérêt tout actuel pour l’armée française : nous voulons parler de la réorganisation de nos musiques militaires appelées, par l’adoption d’instrumens perfectionnés, notamment de ceux du système Sax, à tenir un jour la première place parmi les orchestres guerriers de l’Europe. Ce résumé historique est complété par des instructions sur la composition des musiques militaires et les divers services qu’elles peuvent rendre, envisagées dans leurs rapports avec la science de la guerre. Cette dernière partie du livre n’est pas moins neuve que la partie historique. L’ouvrage de M. Kastner s’adresse, on le voit, non-seulement à un public spécial, mais à tous ceux qu’intéressent les développemens de l’art musical, étudié dans une de ses branches les moins connues et les plus dignes assurément d’une attention sérieuse.


— La mort est venue surprendre M. de Clarac au moment où il allait publier un grand ouvrage[1], fruit de quinze années de recherches et d’études laborieuses. Cette œuvre de sa vie, dont ce savant modeste n’a pu jouir, ses amis l’ont religieusement recueillie, et ils en livrent dès aujourd’hui au public les deux premières parties, qui contiennent la description la plus complète qui ait été faite jusqu’à présent des Musées de sculpture antique et moderne du Louvre et de la galerie d’Angoulême, divers mémoires curieux sur les tribus athéniennes et romaines, un catalogue chronologique des artistes, écrivains et personnages célèbres, la généalogie des Ptolémées et des familles romaines, etc. Deux nouveaux volumes seront incessamment ajoutés et compléteront ce manuel, véritable compendium d’archéologie, dont l’utilité pratique est incontestable pour les artistes, les antiquaires et les savans.


V. de Mars.
  1. Manuel de l’Histoire de l’art chez les anciens, par M. le comte de Clarac. 2 vol., chez Jules Renouard. 1847.