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Le radieux essaim des oiseaux de l’aurore
Qui ne peut plus tomber, mais peut monter encore ;
Tous ceux dont notre chute attristait le bonheur ;
Les séraphins vivant de l’amour du Seigneur,
Et ceux que voit le ciel, en un moins doux partage,
Aimer moins ardemment et savoir davantage ;
Et tous les fils d’Adam qui vers ce jour si beau
Aspiraient, enchaînés dans la nuit du tombeau,
Et qui, lutteurs aussi, vont, couronnés de nimbes,
Après ce grand combat sortir brillans des limbes ;
Tout être enfin sentant, quoique faible et puni,
Qu’un invincible espoir lui promet l’infini ;
Tout coin de l’univers que la pensée habite,
Où le désir de vie en un germe palpite,
Tout connut ce triomphe,… excepté les humains,
Car le glaive toujours doit veiller dans leurs mains !
Du repos énervant que pour l’ame il redoute,
Dieu veut nous préserver par la crainte et le doute,
Et, de peur de l’orgueil, il ne nous fait savoir
Qu’assez de nos grandeurs pour engendrer l’espoir.

Or, tous ceux des esprits qu’en leurs sphères lointaines
Le poids d’un corps trop lourd ne tient pas dans les chaînes,
Et qui, pour s’élancer dans les champs infinis,
Comme de grands oiseaux peuvent quitter leurs nids ;
Tous ceux dont les destins sont attachés aux nôtres,
Et pour qui notre globe est le centre des autres,
Partis de leurs soleils, rapides messagers,
Remplissaient l’air, pareils à des flocons légers.
Ils volaient vers la terre, innombrable cortége ;
Ils teignaient, les sommets d’une blancheur de neige,
Et, passant tour à tour, adoraient à genoux
Celui qui triompha pour eux comme pour nous.


VII.


Les anges le servaient comme ils servait son père,
Moins timides pourtant et tels qu’auprès d’un frère ;
Tels qu’auprès d’eux jadis ces divins voyageurs
Ont vu, l’urne à la main, accourir les pasteurs.

Autour du fils aîné rentré de la bataille,
Tel s’empresse, admirant son armure et sa taille,