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POEMES EVANGELIQUES.




LA TENTATION.




I


Anges dont le bonheur n’est qu’une longue enfance,
Sphères où ne croît pas l’arbre de la science,
D’ici-bas jusqu’à vous quel nuage est monté
Et trouble, au fond du ciel, votre sérénité ?
Est-ce bien que la terre, objet d’inquiétudes,
Tient les astres distraits de leurs béatitudes ?
Vos habitans, rêveurs comme sont les humains,
Laissent la harpe d’or languir entre leurs mains,
Et, du haut des soleils que l’azur nous dérobe,
Curieux et craintifs se penchent vers ce globe.

Tels, du sommet des tours, dans les plaines, là-bas,
Les enfans des guerriers regardent les combats,
Et, devant la mêlée à leur âge interdite,
Sentent confusément que leur destin s’agite
Ainsi l’aspect de l’homme et ce monde orageux
Vous détournent souvent de vos célestes jeux.