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lait maintenir ? pourquoi a-t-il laissé systématiquement écraser les petits cantons, violer le pacte, insulter aux traités ? Ou bien, s’il a changé d’opinion, s’il est aujourd’hui l’allié du parti révolutionnaire, s’il ne reconnaît plus les traités, alors que signifie le langage qu’il tient dans ses communications officielles ? Il ne peut pas sortir de ce dilemme, et les pièces même qu’il publie pour justifier sa conduite en sont la plus accablante condamnation. L’opposition, en France, a adopté lord Palmerston ; elle l’a pris sous sa protection, elle l’a érigé en patron de la cause libérale et même de la cause révolutionnaire en Suisse et dans toute l’Europe : comment prendra-t-elle ses dépêches et les déclarations qu’il fait en faveur des traités et du maintien du pacte ? Elle aura la ressource de dire que lord Palmerston nous a payés de mots et qu’au fond il se moquait de nous, et qu’en dernier résultat il a fait à nos dépens les affaires du parti révolutionnaire. Ce sera peut-être vrai ; mais de bonne foi, quand on crie si fort contre les jésuites, on ne devrait pas leur emprunter leurs maximes.

Du reste, le parlement anglais va se rouvrir dans trois jours ; lord Palmerston aura sans doute une occasion d’y exposer sa politique et de l’expliquer. Il ne se passe en ce moment, de l’autre côté de la Manche, rien qui appelle particulièrement l’attention. On s’occupe beaucoup de l’affaire de l’évêché d’Hereford, qui est actuellement pendante devant le premier tribunal civil du royaume, la cour du banc de la reine ; on continue à discuter sur le système défensif du territoire et à se livrer à une foule d’hypothèses sur la prochaine invasion française, et M. Cobden, qui arrive de France, a beaucoup de peine à persuader à ses compatriotes que nous ne faisons pas un nouveau camp de Boulogne.

Il n’y a non plus rien de saillant en Espagne. Le général Espartero y est rentré, et nous sommes obligés de le répéter pour qu’on s’en aperçoive, car il n’y a pas produit beaucoup d’effet. Il a pris tranquillement sa place au sénat, est allé faire une visite à la reine, et a eu le mauvais goût de n’en pas faire une à la reine-mère ; puis, voyant qu’on ne faisait pas grande attention à son auguste personne, il a annoncé l’intention de partir pour Logrofo, où il compte jouir des douceurs de la retraite.

Le nouvel ambassadeur de France à Madrid, M. Piscatory, doit partir pour son poste dans une quinzaine de jours. Il a laissé à Athènes, comme chargé d’affaires, le premier secrétaire de sa légation, M. Édouard Thouvenel, qui est de toute façon capable de répondre aux exigences d’une situation difficile et délicate.


— Nous devons signaler ici une faute typographique qui, malgré nous, s’est glissée dans la Revue scientifique de notre dernière livraison. Dans cette Revue scientifique, le nom de M. Encke, directeur de l’observatoire de Berlin, a été écrit comme celui de M. Hencke, astronome de Driessen, qui a découvert la planète Astrée vers la fin de l’année 1845.



V. de Mars.