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QUELQUES REFLEXIONS


SUR LA


POLITIQUE ACTUELLE.




La discipline des partis est une nécessité dont ceux qui vivent en dehors des chambres ne se rendent pas suffisamment compte. Une assemblée se compose toujours d’élémens très divers. Il n’y a pas de question qui n’entraîne cent avis différens, et cependant il n’y a que deux espèces de boules : blanches et noires. Les opinions sont pourtant bien loin d’être ainsi tranchées, et si les boules grises étaient admises, la bonne foi, aussi bien que la timidité, en remplirait l’urne. — La peur, dans les votes politiques, est souvent plus extrême que le courage.

Tout nouvel élu arrive à la chambre avec des projets d’indépendance, d’impartialité, et au bout de quelque temps (et ce temps se mesure à la justesse de son esprit, à la netteté de son caractère), il reconnaît que ses illusions sont impraticables, et qu’avant tout il faut être de son parti.

Ce principe est surtout généralement compris dans un pays plus vieux que le nôtre en fait de luttes parlementaires.

Un membre du parlement anglais disait gaiement : « J’ai entendu souvent des discours qui ont changé mon opinion ; mais je ne me rappelle pas en avoir jamais entendu un seul qui ait changé mon vote. »