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ETUDES


SUR


L'ART EN ITALIE.




III.
RAPHAËL.




Raphaël eut pour premier maître son père, Giovanni de’ Santi, peintre médiocre, mais doué d’un rare bon sens, et qui comprit au bout de quelques mois toute l’insuffisance de son enseignement. Giovanni de’ Santi avait reconnu chez son fils les plus heureuses dispositions et s’était hâté de les cultiver avec un soin assidu. Comme s’il eût pressenti les hautes destinées de l’enfant qui devait illustrer son nom, il ne voulut gêner en rien le développement des facultés qui s’annonçaient d’une manière si éclatante ; il contemplait avec une joie mêlée d’orgueil les moindres dessins tracés par cette main encore inexpérimentée, et qui déjà pourtant trouvait moyen de donner à toutes les figures une grace singulière. L’enfance de Raphaël fut entourée de caresses, et il semble que le bonheur de ses premières années ait exercé une influence décisive sur l’épanouissement de son génie. Sa mère n’avait voulu céder à personne le soin de veiller sur ses premiers pas, elle l’avait nourri de son lait ; craignant qu’il ne contractât chez les gens