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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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30 novembre 1847.


Depuis quinze jours, les événemens ont marché d’un pas rapide. La phase militaire de la question suisse peut dès aujourd’hui être regardée comme terminée, mais il y en a une autre qui va commencer. En ce moment, les parties belligérantes ont reçu l’invitation collective des cinq grandes puissances de suspendre les hostilités, en même temps que l’offre d’une médiation commune pour l’arrangement de leurs différends. De ces deux propositions, la première arrivera un peu tard ; Fribourg est tombé, Lucerne est tombée, les petits cantons sont tombés ; le Valais seul est resté debout : on ne l’a pas encore attaqué ; mais, dans tous les cas, le Sonderbund n’existe plus. Nous constatons sa défaite, sans dissimuler ce qu’elle a de complet, ce qu’elle a eu de rapide. Cependant l’inutilité de la première proposition des cinq puissances n’infirme point la nécessité de la seconde, celle de la médiation. Si l’on arrive trop tard pour empêcher la majorité radicale de remporter la victoire, on arrivera à temps pour l’empêcher d’en abuser.

C’est vendredi qu’a été signé à Londres, par lord Palmerston et M. le duc de Broglie, le protocole, déjà signé par les représentans de l’Autriche et de la Prusse, et consenti par celui de Russie. C’est sir Stratford Canning, ambassadeur à Constantinople, et qui se trouvait à Londres, qui a été chargé de le porter à Berne, en passant par Paris. Un premier projet avait été proposé par le gouvernement français ; lord Palmerston a présenté de son côté un contre-projet, lequel, après avoir subi à Paris des modifications importantes, a été définitivement adopté pour base de la médiation. Lord Palmerston paraît ne s’être déterminé qu’à contre-cœur à s’associer aux intentions des autres puissances ; il n’a probablement cédé qu’à la conviction que si le gouvernement anglais persistait à rester à l’écart, on agirait sans lui. Il nous répugnerait cependant de croire qu’en même