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enveloppe celui du département de la Seine, avaient, au recensement de 1844, une population de 803, 508 ames ; à celui de 1846, elle était de 815, 167. L’augmentation est de 14 individus par mille. Dans cette même période, la population du département de la Seine est passée, avec une augmentation proportionnelle décuple, de 1, 194, 603 à 1, 364, 467. Il est probablement dans la nature de ce mouvement de s’étendre de proche en proche, et les chemins de fer, en s’allongeant, en atténuant l’effet des distances, agrandiront sans cesse le cercle d’attraction de Paris.

En présence de pareils faits, il serait oiseux d’examiner si la condensation sur un point central des principales forces vives de la nation a plus d’avantages que d’inconvéniens, ou plus d’inconvéniens que d’avantages. Si cette concentration est un fait impérieux, inévitable, il faut l’accepter courageusement et ne s’occuper que d’en conjurer les dangers, d’en étendre les bienfaits. Cet avenir est gros des questions politiques et sociales les plus graves ; il n’est pas d’homme d’état qui n’en doive faire l’objet de sa sollicitude, et peut-être les circonstances par lesquelles il se manifeste exigeraient-elles déjà quelques modifications dans les institutions qui régissent la capitale. Il ne faut pas léguer à ceux qui nous suivront l’éventualité d’une nouvelle commune de Paris ; quand le mal serait arrivé, il n’y aurait plus de force capable de l’extirper : le devoir de la génération actuelle est de le prévenir.

J.-J. BAUDE