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qu’il prélève sous forme de contribution directe une part du revenu, soit qu’il recueille des droits de mutation : mais les faits sont trop récens pour qu’une appréciation qui se ferait aujourd’hui pût inspirer quelque confiance.

À toutes les époques, l’alimentation de Paris a été le principal aiguillon du progrès de l’agriculture dans nos plus belles provinces et l’objet d’un immense commerce. A mesure que Paris s’agrandit, que les communications se perfectionnent et s’étendent, le rayon de cet approvisionnement s’allonge, et y fait concourir des contrées qui en étaient jusqu’alors exclues. Aujourd’hui Bordeaux, la Bourgogne, la Champagne, le bassin de la Loire tout entier, les côtes de la Méditerranée, abreuvent Paris de leurs vins ; il va chercher du bétail jusqu’aux portes de Lyon et de Bordeaux ; il fait valoir les pêcheries de l’Océan, et les départemens qui l’environnent ont peine à combler par leurs menues denrées l’immense débouché que leur ouvrent ses marchés. Quoi qu’on en ait dit dans un travail plus remarquable par la générosité des sentimens que par la justesse des vues, et malgré l’autorité dont l’a revêtu l’assentiment du conseil municipal de Paris, il n’est point exact qu’en s’étendant, l’approvisionnement de la ville ne se soit point amélioré. Il résulte de recherches aussi consciencieuses qu’intelligentes faites à la préfecture de police, et contrôlées au moyen des produits des perceptions opérées par l’octroi et sur les marchés de comestibles, qu’à considérer deux périodes, l’une des sept années qui se sont écoulées de 1818 à 1824, et l’autre des seize années de 1825 à 1840, la consommation annuelle et individuelle des habitans de Paris en substances animales peut être établie ainsi :


1re période 2e période
Viande de boucherie 51 kil. 640 55 kil. 266
Viande de porc 8, 901 9, 475
Poisson 7, 639 8, 279
Volaille et gibier 7, 817 9, 205
Beurre 4, 402 5, 289
Œufs 6, 058 6, 556
86 kil. 457 94 kil. 070

En même temps que la population s’accroissait, elle était mieux et plus abondamment nourrie. Le progrès de la consommation du sucre, qui ne se développe que lorsque des besoins plus réels sont satisfaits, donne lui-même une preuve de l’amélioration qui s’opère dans l’approvisionnement. Cette consommation ne peut pas, comme celles qui sont mentionnées plus haut, être contrôlée par le produit des perceptions municipales ; mais, s’il faut s’en rapporter à des investigations minutieuses faites par les personnes les plus compétentes, les ventes annuelles