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Ces extraits des livres des administrations charitables donnent avec exactitude les nombres des personnes secourues, et, s’il existait des recensemens généraux de la population pour toutes les années auxquelles ils se rapportent, il ressortirait du rapprochement de ces documens qu’il n’y a point augmentation relative du nombre des pauvres. On trouve un indice de la réalité de ce fait rassurant dans la comparaison des effectifs des hospices et hôpitaux de Paris à deux époques entre lesquelles la ville a gagné au-delà de 118, 000 habitans. La population moyenne de ces établissemens était, en 1841, de 15, 828 individus ; elle n’a été, en 1846, que de : 15, 373.

On aurait pu, sans avoir lieu de s’alarmer, constater une augmentation. Il est vrai que la ville possède hors de son enceinte deux grands établissemens hospitaliers, Bicêtre et Villers-Cotterets ; mais le mouvement qui s’y est opéré n’affaiblit pas les conséquences à tirer de celui des établissemens intérieurs.

La remarque la plus triste à laquelle donne lieu le mouvement des hôpitaux de Paris, c’est celle du nombre des naissances et des décès qui surviennent dans leur enceinte. Dans les cinq années qui séparent les deux derniers dénombremens, 25, 268 naissances sur 150, 067 et 49, 103 décès sur 137, 270 ont eu lieu dans ces asiles de la misère et de la douleur. Ainsi, un sixième de la population de Paris naît, et plus d’un tiers meurt à l’hôpital.

Ces populations nouvelles qui naissent et se donnent rendez-vous dans l’enceinte de Paris, il faut, avant que l’industrie satisfasse à des besoins qui échappent à toute appréciation, les loger et les nourrir, et de cette nécessité résulte un immense mouvement imprimé à l’art des constructions d’une part, à l’agriculture de l’autre.

Sur les constructions, les renseignemens recueillis dans les deux derniers recensemens présentent les rapprochemens suivans :


1841 1846 augmentations en 1846
Le nombre des rues, places ou quais, était de 1, 727 1, 782 55
Celui des maisons habitées de 28, 699 30, 221 1, 555
Celui des maisons inhabitées, comprenant beaucoup de maisons neuves, de 387 381 «
Celui des maisons en construction de 250 355 «
Celui des locations occupées de 322, 669 356, 906 34, 237
Celui des locations vacantes de 18, 054 16, 017 «

Les réparations, embellissemens, agrandissemens d’anciennes maisons ne sont point compris, malgré leur importance, dans ce dénombrement. Quant à la masse des valeurs créées par tant de travaux, on pourrait l’évaluer à la longue par les bases qu’elle fournit à l’impôt, soit