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également dans leurs tarifs les navires et les productions des pays étrangers, de ne point par conséquent accorder de préférence aux uns sur les autres. » Voilà la règle, et il ne manque en vérité au Zollverein que d’abaisser un peu ses tarifs pour se convertir pleinement à la foi du libre échange.

Voilà la règle, viennent les exceptions. « Article 12.-Les états étrangers qui n’admettent point chez eux le transit indirect, le transit par entrepositaires ou par navires non nationaux, ces états subiront en revanche des tarifs plus élevés que les autres dans les ports de l’alliance. » Cela veut dire qu’aussitôt Hambourg devenu port de cette alliance patriotique, il faudra qu’il écarte de ses bassins les chargemens anglais, tant que l’Angleterre n’aura point aboli son acte de navigation. « Article 14.- Les états étrangers qui mettront empêchement au commerce des états de l’alliance par des monopoles ou autres institutions privilégiées subiront dans les ports de l’alliance le désavantage de taxes plus lourdes que les autres états. » Cela veut dire que la Hollande doit renoncer, sous peine d’interdit, à tout son système colonial, et sacrifier le profit des monopoles de la Maatschappy, si elle entend garder celui des approvisionnemens de l’Allemagne. Pour comble, l’article 13 pose en droit rigoureux le principe des représailles, de sorte que toute l’action des tarifs différentiels se trouve en fait réalisée. La future alliance germanique engage l’Europe à réformer la première son système protecteur, elle s’oblige à suivre ; en attendant, elle réserve pour la marine qu’elle aura toutes les sûretés de la protection. C’est toujours la même histoire.

Cette histoire-là ne faisait pas le compte de Hambourg. Les propositions n’arrivaient point officiellement aux états séparatistes, parce que les états du Zollverein n’avaient pas eux-mêmes été régulièrement appelés à les débattre ; c’était une communication officieuse que le grand pays allemand de la Baltique soumettait, au préalable, à ses voisins de la mer du Nord. Le Hanovre et Oldenbourg se montrèrent, dit-on, pleins de bonne volonté pour le temps où les traités anglais devaient leur laisser les mains libres. Brême naturellement triomphait. Il n’y avait plus que Hambourg dont on doutât, mais on se rassurait en songeant aux démonstrations qui l’avaient divisé, et l’on espérait que le sénat aurait quelque égard pour les vœux ardens de toute la terre allemande, répétés si près de lui dans l’enceinte même de la ville hanséatique. Le sénat voulut bien enfin émettre son opinion ; à son tour, il publia son manifeste. La réponse était catégorique : point d’acte législatif, point de protection, point de droits différentiels ! Laissez faire, laissez passer ! Le mémoire hambourgeois a paru dans le mois d’août. Ç’a été pour le parti des droits différentiels, pour le camp des protectionnistes,