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royal de Prusse, plaidèrent très explicitement en l’honneur des droits différentiels. Le ministère seul ne se prononça pas, et son attitude indécise frappa tout le monde.

On avait cependant, sur ces entrefaites, hasardé un pas de plus dans cette voie d’union commerciale, où la diète prussienne entrait d’un air si résolu ; les idées d’union commerciale et maritime tendaient davantage encore à dominer, à repousser dans l’ombre l’union industrielle de 1834, la vraie pensée primitive du Zollverein. On ne l’abandonnait pas, on la dissimulait pour obtenir l’autre par surcroît. Des propositions d’alliance avaient été adressées aux états séparatistes ; aujourd’hui qu’elles ont échoué, c’est à qui n’aura pas la responsabilité de la démarche : selon toute apparence, ces propositions sortaient des bureaux d’où était déjà sorti le mémoire prussien de 1845. Le mémoire de 1845, étudiant d’avance l’usage et l’emploi possible des droits différentiels, admettait qu’on pût au besoin les instituer par voie législative pour toute l’étendue actuelle de l’union sans entente préalable avec ceux des états allemands qui n’étaient point compris dans ses limites. Les propositions nouvelles avaient au contraire pour but principal d’opérer avant tout cette alliance si désirée, elles adoucissaient autant que possible le caractère protecteur, les allures prohibitives des droits différentiels ; elles n’en faisaient point une question de principe, mais seulement une affaire de pratique, et, pour ainsi dire, de circonstance. Elles s’intitulaient Propositions pour l’établissement d’une alliance allemande de commerce et de navigation (Vorschlœge fur die Errichtung eines deutschen Schiffahrts und Handelsvereins ).

Il y a, dans ce dernier travail de la bureaucratie prussienne, une habileté de rédaction qu’il est piquant d’observer ; ce n’est plus un mémoire à consulter, c’est un traité tout prêt pour qu’on le signe. « Article 1er.- Les états du Zollverein allemand d’une part, et de l’autre, le reste des états de la fédération allemande, forment ensemble une alliance commerciale et maritime. Article 2.-Le but de cette alliance est de porter le principe de l’unité nationale de l’Allemagne dans tous les intérêts du commerce et de la navigation, non-seulement de faire valoir ce principe dans les rapports réciproques que pourront avoir entre eux les états de l’alliance, mais encore de le faire reconnaître dans leurs rapports généraux avec les états étrangers. » Voilà l’entrée glorieuse et sentimentale, le portail triomphant du fraternel édifice. Pénétrons dans les détours un peu sinueux qu’il recèle, nous allons voir tout de suite aux dépens de qui la fraternité s’inaugure. Je prends l’article 10. Quelle joie pour Hambourg ! il n’est plus parlé de droits différentiels, et c’est à peine si le mot se glisse une fois en se déguisant dans tout ce texte épuré : « Les états de l’alliance ont la volonté de traiter