Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/472

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans l’écriture assyrienne une fréquence de voyelles qui semble la relier assez intimement au système persan lui-même, et par suite à la langue mère de tous les idiomes indo-germaniques, c’est-à-dire au sanscrit. De plus, s’il est vrai que la langue cachée sous le système médique se rapproche des idiomes tartares ou mongoliques, il n’y a rien d’absurde à présumer que certains mots, certaines formes peut-être se rencontreront dans l’écriture assyrienne, qu’il sera possible de rattacher à cette classe de langues. Enfin, sur le sol même que foulait la race assyrienne, vit encore aujourd’hui une race antique, évidemment aborigène, et dont l’idiome a dû conserver bien des traces de la langue des Assyriens : c’est la race arménienne.

On le voit, le problème à résoudre offre de sérieuses difficultés, puisqu’il est absolument impossible de prévoir ce que sera tel ou tel mot représentant telle ou telle idée, même déterminée à l’avance. Trouver la valeur précise des caractères, voilà le premier pas à franchir, et jusqu’ici les élémens de détermination, c’est-à-dire les noms propres à disséquer, sont trop peu nombreux pour qu’il soit possible de marcher avec assurance. Vienne l’inscription de Bisitoun, et plus de la moitié de la besogne sera faite. Jusqu’à la publication de ce texte précieux, on ne pourra procéder que par des tâtonnemens plus ou moins heureux. Une fois maître de la valeur d’un nombre suffisant de caractères alphabétiques extraits des noms propres, on reportera ces caractères dans les mots qui constituent des phrases. Comme, à l’aide des inscriptions trilingues dont le sens est découvert, on pourra fixer à l’avance les limites et le sens des groupes significatifs, beaucoup d’entre ces groupes pourront alors se transcrire intégralement, et dès-lors il deviendra possible, sinon aisé, de les rattacher à des radicaux bien connus des langues dont nous avons fait plus haut l’énumération. Il n’y a pas d’autre marche à suivre, pas d’autre moyen d’avancer avec certitude ; on doit donc souhaiter ardemment, ou que M. Rawlinson consente à communiquer les matériaux dont il s’est jusqu’ici réservé le monopole, ou que quelque courageux voyageur se dévoue pour nous procurer à ses risques et périls le texte dont la possession ne saurait manquer de jeter la plus grande lumière sur la voie encore si ténébreuse qu’il s’agit de parcourir. Dire que des hommes tels que M. Eugène Burnouf, l’honneur de l’école philologique française, s’occupent sérieusement de la recherche de cet important problème, c’est dire qu’à coup sûr, s’il est donné à quelqu’un de déchiffrer les mystérieuses inscriptions des monumens assyriens, le voile qui les recouvre sera promptement soulevé.

Nous ne pouvons ici entrer dans des détails purement techniques sur le caractère essentiel du système cunéiforme assyrien : il nous suffira de dire que l’écriture des inscriptions de Van a un aspect de simplicité