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déjà déchiffrés dans le persan, tels que ceux de Darius, de Xerxès, d’Hystaspe, d’Achéménès et d’Ormuzd, il est devenu facile de déterminer de même les limites de ces noms et de les disséquer en assignant à chaque caractère une certaine valeur, qu’on se réservait d’ailleurs de vérifier ultérieurement par l’analyse des mots représentatifs des idées. C’est M. Westergaard qui s’est chargé de ce soin. Les résultats qu’il a obtenus ne sont pas, il faut le dire, tout-à-fait satisfaisans. Ainsi, tous les mots dont il connaissait le sens à l’avance par la décomposition purement mécanique des textes médiques, comparés aux textes persans bien connus, tous ces mots, dis-je, s’ils étaient bien transcrits, appartiendraient à un idiome extraordinaire et ne se rattachant à aucune famille de langues connue. Comme il est à peu près impossible qu’il en soit ainsi, il est assez naturel de croire que les lectures de M. Westergaard sont loin d’être toutes exactes, et que le travail qu’elles constituent a besoin d’un contrôle sérieux. Un jeune savant allemand, M. le docteur Oppert, s’occupe activement de cette curieuse étude, et ses premières recherches l’ont déjà conduit à reconnaître dans l’idiome des textes cunéiformes médiques beaucoup de traits de ressemblance avec les idiomes de souche mongolique. Ce fait tout inattendu n’a pourtant rien qui doive nous causer une grande surprise. Chacun sait, en effet, que de la souche mongolique partent les nombreux rameaux des idiomes tartares. Il est fort vraisemblable que la langue antique des Scythes se rattachait à la même origine ; il est donc possible que la langue représentée par la seconde espèce d’écriture cunéiforme ait été destinée à peindre les sons d’un langage appartenant à quelque race issue de la même grande famille.

Le troisième système des écritures cunéiformes, c’est-à-dire celui qu’on est convenu de nommer système assyrien, est maintenant représenté par des monumens fort nombreux, grace aux découvertes de Schulz sur les bords du lac de Van, grace surtout à celles de MM. Botta et Layard. On possède donc aujourd’hui des textes assez développés et en assez grand nombre pour qu’il y ait tout lieu d’espérer que la solution du problème offert par le déchiffrement de ces textes ne se fera pas trop long-temps attendre. Naturellement on ne peut arriver à cette solution qu’en procédant cette fois encore du connu à l’inconnu, et qu’en profitant des ressources que peuvent fournir les textes trilingues tracés sous les souverains de la dynastie Achéménide. L’étude attentive de ces monumens trilingues, qui existent encore de nos jours à Persépolis, à Ramadan, à Mourghâb, à Van et à Nakchi-Roustam, a mis les philologues en mesure de déterminer quelques noms propres, tels que ceux d’Ormuzd, de Cyrus, de Darius, d’Hystaspe, de Xerxès, d’Artaxerxès et d’Achéménès ; mais on comprend que l’analyse de sept noms seulement ne peut donner des résultats suffisans pour arriver à la détermination