Page:Revue des Deux Mondes - 1847 - tome 20.djvu/468

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

textes si importans. A un Allemand, le docteur Grotefend, appartient l’honneur d’avoir le premier fixé, mais d’instinct seulement, la valeur de quelques-unes des étranges lettres qui constituent le système persique. Après une longue étude de ces textes, un jour il arrêta ses regards sur un groupe de caractères, et il se dit avec une assurance tout instinctive : Ceci est le nom de Darius ! Grotefend avait deviné juste. C’était bien le nom de Darius qu’il avait rencontré et désigné. Il reconnut de même que tous les mots de ce premier système étaient séparés les uns des autres par un clou oblique, isolé et incliné de gauche à droite. A partir de ce moment, la porte fut ouverte, et les essais de déchiffrement se multiplièrent. A en juger par la nature de la langue moderne des Perses, à en juger surtout par la langue des livres sacrés, recueillis et traduits au prix de tant de sacrifices par un Français, Anquetil-Duperron, on pouvait à l’avance assurer que ces textes cunéiformes étaient conçus dans cet idiome connu sous le nom de zend, et qui est au sanscrit ce que l’italien est au latin. En France, M. de Saint-Martin fut le premier à marcher dans cette voie nouvelle ; mais il était réservé à notre savant ami Al. Eugène Burnouf d’y marcher le premier d’un pas ferme et rapide. Préparé de longue main à cette découverte par des études profondes de tous les idiomes de l’Inde, son esprit, éminemment doué de tout ce qui caractérise le génie philologique, reconstruisit, comme en se jouant, quelques belles pages de cette histoire de la langue persane. Des textes importans furent analysés et traduits. Le problème était résolu en ce qui concerne la première écriture. Depuis l’apparition du mémoire de M. Eugène Burnouf, des philologues étrangers ont abordé le même sujet, et, en tête de ceux-ci, il est juste de mettre le savant Lassen, dont les travaux en ce genre sont de véritables chefs-d’œuvre. Réformant les lectures de M. Burnouf en quelques points de détail, M. Lassen, à son tour, a vu les siennes réformées par les analyses de M. Rawlinson, et chaque jour encore la science philologique gagne à ces recherches profondes, que soutient et dirige la plus noble émulation. Le premier système cunéiforme est donc lu et bien lu, et l’on peut affirmer que désormais il ne se présentera plus une seule inscription de ce genre qui puisse résister à la science moderne.

L’honneur du premier essai tenté sur l’écriture intermédiaire, c’est-à-dire sur celle que l’on est convenu d’appeler médique, appartient à M. Westergaard. Cette fois, on était privé du secours que donne nécessairement la présence d’un signe constamment employé pour séparer les mots les uns des autres. Les lettres se suivent, et une inscription médique forme un tout compact d’autant plus rebelle au déchiffrement, qu’il est plus difficile de le scinder convenablement en groupes significatifs. Cependant, comme on savait à l’avance, par l’analyse des textes correspondans du premier système, où devaient se trouver les noms